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L'Alabama sommé de réformer ses prisons à la violence record

Record de meurtres, viols "à toute heure du jour ou de la nuit", overdoses à répétition... Le gouvernement américain a dressé mercredi un tableau glaçant des conditions de vie dans les prisons pour hommes de l'Alabama et ordonné des réformes immédiates.

Après deux ans et demi d'enquête, le ministère de la Justice a dénoncé dans un rapport au vitriol des problèmes "graves" et "systémiques" dans les établissements pénitentiaires de cet Etat rural du sud-est des Etats-Unis.

Les services correctionnels d'Alabama "échouent à protéger les détenus" et "violent la Constitution" des Etats-Unis, qui interdit les punitions "cruelles", selon ses conclusions.

Les treize prisons pour hommes de l'Alabama détiennent le taux d'homicides en détention le plus élevé des Etats-Unis, rappellent les auteurs du rapport.

De janvier 2015 à juin 2018, les autorités locales ont fait état de 24 meurtres de prisonniers. Mais les experts du ministère en ont découvert quatre supplémentaires et reprochent aux responsables locaux de classer certains homicides en mort naturelle pour minimiser la gravité de la situation.

Les prisons de cet Etat conservateur sont également régulièrement endeuillées par des overdoses. Sur la durée de l'enquête, au moins 27 détenus en sont morts à cause de l'"incapacité" du personnel à "empêcher les trafics de drogues", d'après ce rapport.

Quant aux violences sexuelles, les experts ont enquêté sur 600 incidents dénoncés et en concluent que "les abus ont lieu dans les dortoirs, dans les cellules, dans les aires récréatives, à l'infirmerie, dans les toilettes, dans les douches, à toute heure du jour ou de la nuit."

Pour eux, ces violences s'expliquent d'abord par la surpopulation carcérale en Alabama, où les prisons abritent plus de 16.000 détenus alors qu'elles ont été conçues pour moins de 10.000.

Ces établissements manquent également cruellement de personnel: moins d'un poste sur trois était pourvu en juin 2018, si bien que les gardiens sont épuisés et incapables d'effectuer les rondes et les fouilles indispensables.

Enfin, critiquent-ils, le regroupement des détenus punis - souvent pour des violences - dans des dortoirs fermés, privés de toute sortie, "augmente les tensions" et les risques dans ces unités peu surveillées.

En conclusion, les auteurs du rapport donnent une liste de recommandations aux autorités de l'Alabama avec un calendrier serré (recruter 500 gardiens dans les six mois, installer des portiques de sécurité à tous les accès dans les deux mois...).

Les services correctionnels ont 49 jours pour entamer ces démarches, faute de quoi le ministre de la Justice pourra déposer plainte.

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