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Après la fusillade de Christchurch, l'Australie adopte des lois CONTROVERSÉES sur les réseaux sociaux

Le Parlement australien a adopté jeudi une nouvelle législation controversée qui prévoit d'instaurer des peines de prison pour les cadres dirigeants de réseaux sociaux qui ne retireraient pas rapidement les contenus extrémistes de leurs plateformes.

Ces lois, qui font suite au carnage des mosquées néo-zélandaises diffusé en direct sur internet par un suprémaciste blanc, ont obtenu le feu vert du Sénat mercredi avant d'être adoptées le lendemain par la chambre des représentants.

Le texte rend illégal le fait de ne pas retirer les images "d'actes terroristes", de meurtres, de viols, de tortures et d'enlèvements, et énonce les responsabilités en la matière des réseaux sociaux et fournisseurs d'accès.

Les plateformes comme Facebook et YouTube encourent des milliards de dollars d'amende, soit 10% de leur chiffre d'affaires annuel, si elles ne procèdent pas "au retrait rapide" des contenus en question. Leurs cadres dirigeants risquent jusqu'à trois ans de prison.

Les entreprises technologiques, les experts et les avocats sont vent debout contre le texte, qui a passé la rampe du Parlement en un temps record et dont le devenir après les législatives attendues en mai est incertain.

Le Premier ministre conservateur Scott Morrison, qui est en position délicate pour ce scrutin, a évoqué la responsabilité des géants de l'internet. "Les grands groupes de réseaux sociaux ont la responsabilité de prendre toutes les mesures possibles pour s'assurer que leurs produits technologiques ne sont pas exploités par des terroristes meurtriers".

Le parti travailliste d'opposition a fait part de ses réserves mais a voté en faveur du texte.

Le 15 mars, un extrémiste australien a tué 50 fidèles dans deux mosquées de Christchurch, grande ville de l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande, et diffusé en direct les images sur Facebook.

Quelques heures après le carnage, le géant technologique avait assuré avoir retiré "rapidement" 1,5 million de copies de la vidéo.

Le Law Council, l'association des barreaux australiens, a dénoncé une "loi réflexe" et mis en garde contre de possibles "conséquences involontaires graves". Elle pourrait servir à faire taire les lanceurs d'alerte et "déboucher sur la censure des médias, ce qui serait inacceptable", a dit son président Arthur Moses.

L'Attorney General Christian Porter, l'équivalent australien du ministre de la Justice, a expliqué que la nouvelle législation pourrait viser des plateformes utilisées par l'extrême droite comme 4Chan et 8Chan.

Sur plainte du ministère public, c'est un jury qui sera chargé d'établir si les réseaux sociaux ont retiré les contenus avec suffisamment de célérité, ce qui pose des questions quant à l'application de la loi.

Le cabinet d'études Institut des affaires publiques l'a qualifiée "d'attaque flagrante contre la liberté de la presse". "Jeter des dirigeants de médias en prison va augmenter les charges du contribuable sans améliorer la sécurité de la population ou répondre aux préoccupations sur les contenus violents partagés sur les réseaux sociaux", a dit le chercheur Andrew Bushnell.

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