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L'épouse d'Alan Henning accablée de douleur: "Nous sommes effondrés par sa mort"

Le meurtre du chauffeur de taxi de Manchester, enlevé en décembre alors qu'il accompagnait un convoi humanitaire en Syrie, a soulevé une vive émotion au Royaume-Uni, notamment au sein de la communauté musulmane.

L'épouse d'Alan Henning, otage britannique exécuté par les jihadistes du groupe Etat islamique, s'est déclarée "accablée de douleur" samedi devant le meurtre d'un "homme bien qui se souciait des autres". "La nuit dernière nous avons reçu la nouvelle de son meurtre par l'Etat islamique. C'est une nouvelle que nous aurions aimé ne jamais entendre. Nous sommes effondrés par sa mort. Moi, Lucy et Adam (ses enfants) ainsi que toute la famille et les amis d'Alan sont accablés de douleur", a écrit Barbara Henning dans un communiqué. "Alan était un homme bien qui se souciait des autres. On se souviendra de lui comme tel et nous, sa famille, sommes extrêmement fiers de lui, de ce qu'il a réalisé et des gens qu'il a aidés", a-t-elle ajouté. Barbara Henning a également remercié tous ceux qui ont apporté leur soutien et milité pour la libération de son mari, dont le gouvernement britannique.

"Un homme de paix"
 
Le frère de Barbara Henning avait estimé un peu plus tôt que "le gouvernement aurait pu faire plus". Le Royaume-Uni espérait que, peut-être, Alan Henning allait être épargné en tant que humanitaire au grand coeur et au secours de musulmans: le pays a été d'autant plus révulsé samedi en apprenant son exécution par les jihadistes de l'Etat islamique. Le Premier ministre David Cameron, des musulmans et les proches de la victime ont rendu hommage au chauffeur de taxi de Manchester, enlevé en décembre alors qu'il accompagnait un convoi humanitaire en Syrie. "Alan Henning était un homme de paix, d'une grande gentillesse et d'une grande humanité. Son meurtre est un acte odieux qui ne rime à rien, qui est absolument impardonnable", a martelé David Cameron.

"C'était le meilleur de tous"

 
"Alan était un ami des musulmans et les musulmans vont le pleurer", a réagi Shuja Shafi, le secrétaire général du Conseil musulman de Grande-Bretagne. "L'Islam ne condamne pas seulement ces crimes mais les interdit", a rappelé Mohammed Shafiq, président de la Ramadhan Foundation. Les amis de la victime ont insisté sur l'engagement d'Alan Henning qui était allé jusqu'à laver des voitures pour lever des fonds. "Il aidait des enfants, des veuves, des gens que le monde entier avait abandonnés", a expliqué samedi à BBC Radio 4 Majid Freeman, qui avait accompagné Alan Henning en Syrie. "C'était le meilleur de tous, une âme pure, a ajouté un autre compagnon de voyage, Kasim Jameel. "Dieu a rappelé un ange. Tous ceux qui l'ont connu sur ces convois, des hommes adultes portant la barbe, ne peuvent s'arrêter de pleurer. On s'attend tous à ce qu'il débarque au coin de la rue et dise: c'était juste une blague."

Un volontaire
 
Le sort du travailleur humanitaire de 47 ans, apparu dans une vidéo de l'EI le 13 septembre, a rapidement déclenché une forte mobilisation au Royaume-Uni. Sa femme, Barbara, est intervenue plusieurs fois pour demander la libération d'un homme non seulement innocent mais admirable qui "s'était porté volontaire avec ses amis musulmans pour aider le peuple syrien". La communauté musulmane britannique aussi s'est fortement impliquée. "Même des personnes considérées comme des extrémistes ont appelé à la libération d'Alan Henning", a insisté auprès de la BBC Peter Neumann, directeur du Centre international d'étude de la radicalisation.

"Vaincre ce mal"
 
Ces appels, le fait aussi que Alan Henning venait en aide à une population majoritairement musulmane et qu'il travaillait pour le compte d'une ONG musulmane, ont fait penser à certains que si quelqu'un devait être épargné par l'EI ce serait lui. Mais "ces appels n'ont fait aucune différence", a constaté David Cameron. L'exécution d'Alan Henning "montre clairement qu'ils (les jihadistes de l'EI) n'ont pas de limites", souligne le professeur Peter Neumann. L'intransigeance des jihadistes a conduit la classe politique britannique a faire front commun. Le vice-Premier ministre Nick Clegg a souligné sa détermination à "vaincre ce mal" et le leader de l'opposition travailliste, Ed Miliband a apporté son soutien au gouvernement pour traquer les auteurs de ce "meurtre choquant et barbare".
 

"Le gouvernement aurait pu faire plus"

Alors qu'EI fait passer le message dans la vidéo que l'humanitaire paie le prix de la récente décision du Parlement britannique d'autoriser des frappes aériennes en Irak, personne au Royaume-Uni samedi n'a remis en cause cette intervention. La tendance était au contraire à un durcissement du discours. "Ca ne fait que renforcer la détermination du peuple britannique", a assuré le député conservateur Mark Pritchard. "Ca me fait presque regretter d'avoir voté contre les frappes en Irak", a souligné la parlementaire travailliste Fiona Mactaggart. Les plus va-t-en-guerre ont de nouveau appelé à étendre les frappes contre l'EI à la Syrie. Quelques voix se sont également fait entendre pour critiquer le gouvernement britannique, qui aurait "abandonné" Alan Henning. "Le gouvernement aurait pu faire plus", a souligné son beau-frère, Colin Livesey, "effondré" pour sa soeur et ses deux enfants. "La Turquie est parvenue à faire libérer 49 otages. Le gouvernement britannique lui n'a rien fait. A part décider de frappes aériennes qui ont peut-être scellé le sort" d'Alan Henning, a également regretté son ami Majid Freeman.
 

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