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Joshua Boyle, d'ex-otage en Afghanistan à la prison pour agressions sexuelles

Otage des talibans avec sa famille pendant cinq ans en Afghanistan, le Canadien Joshua Boyle est poursuivi pour agressions sexuelles et violences, des accusations qui lui valent d'être emprisonné et ajoute au trouble autour de sa personnalité.

L'accusé a fait une brève apparition mercredi par vidéo depuis le centre de détention à Ottawa pour ce que son avocat Eric Granger a qualifié de procédure "purement administrative" avant une nouvelle audience le 8 janvier.

Joshua Boyle, 33 ans, fait face à 15 chefs d'inculpation pour agressions sexuelles, séquestrations, violences, ou menaces de mort. Les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés entre le 14 octobre, le jour de son retour sur le sol canadien, et le 30 décembre. Il a été interpellé le 1er janvier.

Son épouse américaine a aussitôt mis ces violences sur le compte de la maladie mentale. Sans dire être la victime de ces agressions, Caitlan Coleman a estimé, dans une déclaration mardi au quotidien Toronto Star, que la "tension et le traumatisme" en captivité ont eu des "effets sur son état mental" et a souhaité "avec compassion et pardon" que son mari puisse bénéficier de l'aide nécessaire à sa guérison.

Joshua Boyle et Caitlan Coleman, mariés depuis 2011, avaient été kidnappés par les talibans peu après leur entrée en Afghanistan en 2012, elle enceinte, puis remis au réseau allié Haqqani au Pakistan.

Ils ont été libérés à la mi-octobre, ainsi que leurs trois enfants, âgés de six mois à cinq ans, tous nés en captivité.

A peine arrivé sur le sol canadien, Joshua Boyle s'était livré à une longue diatribe contre ses ravisseurs, les accusant d'avoir forcé son épouse à avorter et de l'avoir violée, des allégations aussitôt démenties par les talibans.

Joshua Boyle avait alors présenté son couple comme des "pèlerins venus aider de simples villageois dans les régions contrôlées par les talibans en Afghanistan".

"Il y a de bons musulmans, il y a des mauvais musulmans. Les criminels qui nous ont séquestrés (...) étaient dirigés par des chefs qui n'étaient pas guidés par l'islam", avait-il confié au Toronto Star en novembre.

- Les Boyle avec Trudeau -

Né dans un milieu aisé, fils d'un juge fiscaliste à Ottawa, Joshua Boyle s'est lancé il y a une dizaine d'années dans la défense du jeune Omar Khadr, un Canadien longtemps emprisonné à Guantanamo après avoir été capturé par les soldats américains en Afghanistan quand il avait seulement 15 ans.

Il se présente à l'époque comme le porte-parole de la cause d'Omar Khadr, dont il rencontre la soeur Zaynab en 2008 alors qu'elle mène une grève de la faim. Il l'épouse l'année suivante quand il apparaît sur les photos avec une grande barbe qu'il porte maintenant soigneusement taillée.

Après son divorce en 2010 avec Zaynab Khadr qui porte la burka, Joshua Boyle sillonne l'Amérique du Sud avec Caitlan Coleman dont il a fait connaissance à leur adolescence sur un forum de jeux vidéo. Elle est présentée par ses amis comme une jeune fille naïve, issue d'une famille catholique originaire de Pennsylvanie (est des Etats-Unis).

Le contraste est saisissant entre les photos de cette jeune femme à l'époque et aujourd'hui. Un cliché la montre posant aux côtés de Joshua Boyle lors de leur périple sud-américain, vêtue d'une chemise à carreaux.

Caitlan Coleman porte maintenant le hijab et c'est avec ce voile qu'elle apparaît aux côtés de son mari, sur le compte Twitter du couple le 19 décembre, dans le bureau du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Ce dernier, avec la petite fille des Boyle dans les bras, pose avec la famille au complet.

L'avocat de Joshua Boyle a rappelé le principe de la présomption d'innocence en soulignant que Joshua Boyle "n'a jamais eu d'ennuis avant".

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