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L'expulsion d'un imam salafiste de Marseille suspendue par la CEDH

Un influent imam salafiste marseillais s'est vu notifier mardi matin l'arrêté d'expulsion pris à son encontre par le ministère de l'Intérieur, pour ses prêches radicaux, mais son application a été aussitôt suspendue par la CEDH, a-t-on appris de sources concordantes.

Le ministère de l'Intérieur a précisé à l'AFP que l'imam El Hadi Doudi se trouvait mardi en centre de rétention administratif, le temps que la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) statue sur le fond du dossier, "dans quelques jours".

Me Nabil Boudi, avocat de l'imam, a affirmé à l'AFP que la CEDH avait suspendu l'arrêté d'expulsion sur la base de l'article 39 de son règlement, prévoyant la possibilité de prendre des mesures provisoires. Me Boudi a précisé avoir engagé d'autres recours contre cette expulsion, devant la justice administrative, pour "disproportion de la mesure", "risque de torture" de l'imam en cas de retour dans son pays d'origine, l'Algérie, et "atteinte à sa vie privée et familiale".

El Hadi Doudi, 63 ans, imam de la mosquée As-Sounna, en plein cœur de Marseille, dans le 3e arrondissement, s'est vu reprocher des prêches très radicaux, et notamment des "actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes", en l'occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l'adultère, selon les termes de la demande d'expulsion du ministère de l'Intérieur.

Dans son avis positif à cette demande d'expulsion, le 8 mars, une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais avait relevé que "l'analyse de l'idéologie propagée par M. Doudi (...) démontre que l'autre est nié dans sa singularité et son humanité": "Il est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République".

Le 11 décembre, la Préfecture de Police des Bouches-du-Rhône avait pris un arrêté de fermeture pour six mois de la mosquée As-Sounna, fermeture temporaire entérinée par le Conseil d’État le 31 janvier.

Le 28 mars, l'imam suppléant de la mosquée de Torcy Mohammed Tlaghi avait déjà été reconduit vers le Maroc, en raison de ses prêches radicaux, en vertu d’un arrêté d’expulsion pris le 2 mars. Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait affirmé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France paru le 31 mars, un chiffre "jamais atteint auparavant", selon lui.

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