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L'impasse au Congrès américain laisse les "Dreamers" dans le flou

Le sort de centaines de milliers de "Dreamers" était suspendu lundi face à l'impasse du Congrès américain, où les élus ont laissé expirer le délai fixé pour trancher sur le statut de ces immigrés arrivés sans papiers aux Etats-Unis alors qu'ils étaient encore enfants.

Environ 200 d'entre eux se sont rassemblés devant le Capitole à Washington pour réclamer une loi qui mettrait définitivement ces jeunes à l'abri de l'expulsion et leur offrirait une voie vers la naturalisation, comme l'a proposé le président Donald Trump après avoir abrogé un décret de l'ère Obama qui leur offrait un permis de séjour provisoire.

Mais cette abrogation est contestée en justice et la Cour suprême a refusé de se saisir du dossier avant que les tribunaux ne se prononcent sur le fond.

Plusieurs autres manifestations étaient prévues à New York et dans d'autres villes du pays.

"Le Congrès n'a rien fait jusqu'ici et nous sommes là pour nous assurer qu'il ne nous oublie pas", a expliqué Bruna Bouhid, une étudiante de Tampa (Floride, sud-est) âgée de 26 ans.

"Nous voulons faire pression sur les membres républicains de la Chambre des représentants et son président Paul Ryan qui n'a pour l'instant pas mis de projet de loi au vote", a-t-elle ajouté.

Alexandra Gonzalez, une étudiante mexicaine de 21 ans, tenait une photo de son cousin Edder Sanchez qui a vu son permis de séjour temporaire être révoqué après avoir été arrêté par la police à Atlanta (Géorgie, sud-est).

"Il a été placé dans un centre de rétention où les conditions de vie sont tellement inhumaines qu'il a accepté d'être expulsé" vers le Mexique, qu'il a quitté avec ses parents à trois ans.

"La décision de la Cour suprême montre que nous poussons dans la bonne direction mais nous voulons une pression encore plus forte pour une loi claire", a-t-elle expliqué. "Nous voulons une solution définitive et une voie vers la naturalisation".

- 'Notre avenir' -

Près de 700.000 jeunes adultes bénéficient d'un programme créé par Barack Obama et connu sous le nom de Daca (Deferred Action for Childhood Arrival), qui leur permet de vivre et d'étudier aux Etats-Unis. Mais il a été abrogé par Donald Trump qui avait donné au Congrès jusqu'au 5 mars pour régler définitivement la question. Sa décision est toutefois contestée en justice et deux tribunaux l'ont suspendue provisoirement.

La Cour suprême a également rejeté le 26 février une demande de l'administration de trancher immédiatement sur le Daca, laissant ces jeunes dans un flou juridique alors que les parlementaires sont très divisés sur le dossier.

Un examen sur le fond par la justice fédérale de la suspension du décret d'abrogation du Daca n'est pas attendu avant l'été et la Cour suprême pourrait le cas échéant statuer ultérieurement. Le Congrès devrait s'atteler à un projet de loi après les élections de mi-mandat en novembre.

Le programme est au coeur d'un bras de fer entre le président républicain et les parlementaires démocrates. Le milliardaire a proposé une solution pour les "Dreamers" en échange du financement d'un mur anti-clandestins à la frontière avec le Mexique et de mesures pour limiter l'immigration légale, ce que refusent les démocrates.

Le sort des "Dreamers" a entraîné la fermeture partielle du gouvernement en février et a poussé le Sénat à voter plusieurs projets de loi. Mais aucun n'a obtenu la majorité nécessaire pour franchir la Chambre alors que les deux instances sont contrôlées par les républicains.

Ces jeunes "font partie du présent de l'Amérique et de notre avenir. Le Congrès ne doit pas les laisser tomber, sinon nous laisserons tomber ce pays. Les républicains à la Chambre doivent présenter un projet de loi qui protège les Dreamers et leur offre un accès à la naturalisation", a affirmé le parlementaire démocrate Steny Hoyer.

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