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L'UE et le Japon concoctent une réponse aux "nouvelles routes de la soie" de Pékin

L'UE et le Japon ont signé vendredi un accord pour coordonner de nouveaux réseaux de transport ainsi que de nouvelles infrastructures énergétiques et numériques, reliant l'Europe à l'Asie, en réponse au projet pharaonique des "nouvelles routes de la soie" lancé par Pékin.

Cet accord a été signé à Bruxelles par le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

L'inquiétude ne cesse en effet de croître face à la dévorante ambition de Pékin, depuis le lancement de son vaste projet en 2013 de relier la Chine à l'Asie, l'Europe et l'Afrique, avec des ports, lignes ferroviaires, aéroports et parcs industriels.

A maintes reprises, l'accord UE-Japon insiste sur l'importance de mettre en oeuvre des projets "durables", aussi bien sur le plan environnemental que financier.

Une critique à peine voilée des "Nouvelles routes de la soie", accusées aussi bien de polluer les pays traversés, mais aussi de pousser les Etats qui y participent à s'endetter auprès des firmes chinoises sans qu'ils soient capables de rembourser.

"La connectivité doit aussi être durable sur un plan financier. Il s'agit de léguer aux générations à venir un monde plus interconnecté, un environnement plus propre et non pas des montagnes de dettes", a mis en garde le Luxembourgeois Juncker, dans son discours prononcé avant la signature de l'accord.

Et d'enfoncer le clou: "Il s'agit aussi de créer plus d'interconnexions entre tous les pays à travers le monde et non pas plus de dépendance à l'égard d'un pays".

De son côté, M. Abe a insisté sur le fait que le Japon et l'UE pourraient établir une "connectivité durable, complète et fondée sur des règles".

"Bien sûr, il va sans dire que pour que la connectivité entre le Japon et l'Europe soit solide comme un roc, l'Indo-Pacifique - la route maritime qui mène à la Méditerranée et à l'Atlantique - doit être libre et ouverte ", a-t-il ajouté.

M. Abe faisait ainsi allusion aux préoccupations que suscite le fait que la Chine cherche à utiliser les "nouvelles routes de la soie", en particulier les projets portuaires en Asie, pour dominer les voies maritimes.

Officiellement, l'UE insiste sur le fait qu'elle n'entend pas rivaliser avec la Chine avec ses grands projets d'interconnexion avec l'Asie. Mais officieusement, de hauts responsables européens reconnaissent Bruxelles a été poussé à réagir en raison notamment de ce facteur.

"La Chine nous a réveillés", a déclaré un haut fonctionnaire de l'UE. Pour l'instant, l'UE fournit d'énormes sommes sous formes de prêts, de subventions et d'aide au développement dans le monde entier, sans exercer pour autant une grande influence.

Or, ce n'est pas le cas de Pékin, qui utilise clairement sa puissance financière pour affirmer son influence géopolitique, estime cette même source.

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