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L'Uruguay produira six à dix tonnes de cannabis par an

L’Uruguay souhaite produire six à dix tonnes de cannabis par an pour pouvoir fournir les pharmacies, dans le cadre de sa loi pionnière dans le monde, a annoncé à l'AFP Milton Romani, secrétaire général du Conseil national des drogues.

Tout est presque prêt pour commencer à produire, a déclaré M. Romani. "Il reste à affiner le logiciel du registre (sur lequel doivent s'inscrire les consommateurs et producteurs de cannabis, ndlr) et du retrait en pharmacie", et à définir quelles entreprises seront en charge du transport, a-t-il ajouté.

En décembre 2013, l'Uruguay a adopté une loi polémique et unique au monde, permettant à l’État d'octroyer des licences de production de cannabis pour sa commercialisation en pharmacie, pour un usage récréatif.

Deux entreprises privées ont déjà été sélectionnées par appel d'offres pour produire la drogue douce et "nous avons choisi une variété de graines originaires d'Uruguay, le +cannabis charrua+", a expliqué Milton Romani.

Le gouvernement de gauche, qui prévoit que la vente pourrait commencer en juin 2016, estime "un marché de 160.000 Uruguayens consommateurs fréquents ou réguliers" dans un pays de 3 millions d'habitants, selon le secrétaire général du Conseil national des drogues.

"Au regard de la loi, qui autorise la vente de 40 grammes mensuellement par personne enregistrée, il nous faut produire entre 6 et 10 tonnes par an", a-t-il indiqué, à un prix de 1,40 dollar le gramme.

Comme l'avait affirmé l'ex-président José Mujica, à l'origine de cette loi, celle-ci est "une expérience".

"Nous avançons pas à pas, les deux entreprises commencent avec (une production de) deux tonnes chacune et au fur et à mesure que le système s'affinera, nous allons lancer d'autres appels d'offres ou autoriser ces entreprises à produire plus", afin d'atteindre les volumes nécessaires pour répondre à la demande, a détaillé M. Romani.

La vente de cannabis à usage récréatif en pharmacies est le troisième volet, longtemps repoussé, de la loi votée en Uruguay, dont les deux premiers - la culture de cannabis pour la consommation personnelle ou au sein d'un club - ont déjà été mis en pratique.

Selon Milton Romani, le pays compte actuellement 3.100 auto-cultivateurs enregistrés, 15 clubs sur le point d'être autorisés et deux qui le sont déjà.

"Le plus important pour nous, c'est que les usagers du cannabis adhèrent au système (...) grâce au prix, à la qualité, la fiabilité, l'accessibilité et la sécurité" d'un système de vente géré par l'Etat, a-t-il expliqué.

"L'un des objectifs de la loi est de reprendre le marché occupé par le narcotrafic", a-t-il assuré, précisant que la culture de cette drogue douce sera encadrée par d'importantes mesures de sécurité.

Mais, "dans ce système, il n'y a pas de possibilité de tourisme cannabique", a-t-il prévenu, car seuls les consommateurs enregistrés pourront acheter la drogue en pharmacie, et pour s'enregistrer il faut être Uruguayen ou résider en Uruguay depuis au moins deux ans, un dispositif qui exclut donc les touristes étrangers.

L'Etat uruguayen percevra 10 à 13% des recettes issues de la commercialisation du cannabis, plus le prix des licences payé par les entreprises productrices.

Début octobre, les pharmacies d'Uruguay avaient fortement critiqué le fait de pouvoir bientôt vendre de la marijuana dans leurs officines, s'inquiétant des dangers pour la santé de cette drogue.

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