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La baisse du chômage marque le pas au troisième trimestre en France

Petite surprise au troisième trimestre: le taux de chômage a augmenté de 0,1 point, mais pour l'Insee cette "hausse très limitée" ne remet pas en cause à ce stade la tendance à la baisse observée depuis mi-2015.

Selon les normes du Bureau international du travail (BIT), la France (hors Mayotte) compte 2,528 millions de chômeurs, 10.000 de plus qu'au deuxième trimestre. Soit un taux de chômage à 8,6% de la population active contre 8,5%. Sur un an, ce taux est cependant en recul de 0,5 point.

"Le taux de chômage est sur un palier ce trimestre", a reconnu sur Europe 1 la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. "Mais il faut garder la vision à long terme", a-t-elle souligné, évoquant une "dynamique" de création d'emplois "très forte, avec plus de 260.000 emplois créés depuis un an".

Cette hausse du chômage entre juillet et septembre surprend dans la mesure où les autres indicateurs du trimestre sont restés au vert: des créations d'emploi dynamiques (+54.300), des déclarations d'embauche en hausse (+2,3%) et des chômeurs (catégorie A) à Pôle emploi en baisse (-0,4%).

"On s'attendait à une légère baisse de 0,1 point", reconnait Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee. Le statisticien parle "d'une hausse très limitée" car "10.000 chômeurs ne représentent que 0,03 point de la population active". C'est l'arrondi qui fait qu'on passe de 8,5 à 8,6%.

Comment expliquer cependant cette divergence avec les autres indicateurs? "Il peut y avoir ponctuellement une petite contradiction avec l'emploi mesuré à partir de sources administratives, c'est déjà arrivé dans le passé. Même si l'échantillon est important, il peut y avoir un petit aléa statistique, c'est une enquête", rappelle l'expert.

L'institut de la statistique sonde chaque trimestre 110.000 personnes de plus de 15 ans. Sont considérés comme chômeurs ceux qui réunissent trois critères: ne pas avoir eu d'activité rémunérée au cours d'une semaine de référence, être disponible pour occuper un emploi dans les 15 jours et avoir recherché activement un emploi dans le mois précédent (ou en avoir trouvé un commençant dans moins de trois mois).

Selon l'expert, cette hausse "ne semble pas remettre en cause la tendance générale d'une baisse de 0,5 point par an depuis la mi-2015", où il avait atteint un pic de 10,5%.

- "On en a encore sous le pied" -

L'exécutif garde son objectif d'un taux de 7% en 2022, même s'il le conditionne désormais davantage à l'environnement économique. Avec 1,3% de croissance attendue en 2019, la France résiste pour l'instant mieux que ses partenaires européens à la dégradation de la conjoncture mondiale.

"Il faut continuer cette bataille l'emploi, on n'a jamais dit que c'était un long fleuve tranquille", a affirmé la ministre du Travail, convaincue "qu'on en a encore sous le pied", notamment au niveau de la formation et des recrutements.

"Il faut aussi que les employeurs ouvrent leurs chakras, qu'ils embauchent les seniors, les personnes en situation de handicap, les jeunes des quartiers. Il y a beaucoup de conformisme dans la manière de recruter", a-t-elle déploré.

Par tranche d'âge, le taux de chômage des 15-24 ans diminue de 0,2 point à 19,1%, soit un recul de 2,3 points sur un an. Celui des plus de 50 ans est en revanche en hausse de 0,1 point à 6,4% (+0,1 sur un an).

Pour le chômage de longue durée, c'est-à-dire les chômeurs qui déclarent rechercher un emploi depuis au moins un an, le taux est stable sur ce trimestre et en baisse de 0,3 point sur un an. Cela représente un million de chômeurs.

Le taux d'activité, c'est-à-dire la proportion des 15-64 ans qui travaillent ou sont au chômage, diminue également de 0,3 point à 71,3% et de 0,7 point sur un an. Là aussi, "c'est un chiffre assez étonnant car il est tendanciellement à la hausse", reconnait M. Larrieu, pour qui "il va falloir attendre de prochaines publications pour confirmer ou infirmer ce mouvement".

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