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La boxe veut faire sa révolution pour garder sa place aux JO

Changement culturel exigé: la Fédération internationale de boxe (AIBA) le promet pour tenter de conserver sa place dans le programme des Jeux olympiques, un dirigeant asiatique prévenant que "le temps est compté".

Les Jeux asiatiques, qui s'achevaient dimanche à Jakarta, ont été marqués par plusieurs affaires de décisions arbitrales très contestées, deux entraîneurs nord-coréens devant notamment être escortés hors du ring par la police après leurs contestations suite à la défaite de leur boxeuse sur une décision partagée des arbitres samedi contre une Chinoise. Ils ont aussitôt été exclus des Jeux.

"Nous allons changer la culture de l'AIBA", a expliqué à l'AFP le directeur exécutif de l'instance, Tom Virgets.

Il y a quatre ans aux précédents Jeux asiatiques à Incheon, des bagarres avaient éclaté dans la salle de boxe et des entraîneurs et proches des athlètes s'en étaient pris verbalement aux arbitres après une série de décisions controversées.

- Combats truqués -

Une boxeuse avait même refusé, en larmes, sa médaille de bronze et avait été suspendue un an.

"On a un problème de compétences de nos arbitres, c'est de notre faute", a encore admis M. Virgets. "Notre président Gafur Rakhimov veut vraiment mettre toutes les ressources nécessaires pour améliorer la formation de nos arbitres. On doit être meilleurs".

La boxe était un des six sports originels dans les Jeux olympiques antiques, mais face aux multiples problèmes qui émaillent les grandes compétitions, elle est aujourd'hui sous la menace du Comité international olympique (CIO), qui pourrait la retirer du programme des Jeux de Tokyo en 2020.

Après les JO de Rio, l'intégralité des 36 juges et officiels ont été suspendus après des accusations de combats truqués. Et une lutte de pouvoir interne a vu plus tôt cette année l'ancien président, le Taïwanais CK Wu, déposé et remplacé par intérim par l'Ouzbek Gafur Rakhimov, qui a dû nier les accusations américaines selon lesquelles il est en lien avec le crime organisé.

Tout cela avait conduit le président du CIO, Thomas Bach, à se dire en février "extrêmement inquiet par la gouvernance de l'AIBA". Et quand bien même un projet de restructuration crucial a été remis en avril au CIO par l'AIBA, la menace reste plus vivace que jamais.

"Ce rapport montre des progrès et une bonne volonté certaine, mais il reste des manques dans certains domaines", avait ensuite souligné M. Bach en mai. "Nous nous conservons donc le droit d'exclure la boxe des Jeux de Tokyo en 2020".

- "Changements en profondeur" -

Le patron de la boxe philippine, Ed Picson, interrogé par l'AFP, espère sincèrement que la menace ne sera pas mise à exécution: "J'espère que ça n'arrivera pas, mais le temps est compté".

"Le CIO semble penser qu'à moins de changements en profondeur, alors il sera justifié d'enlever la boxe du programme olympique", a-t-il ajouté.

Gafur Rakhimov a refusé les sollicitations de l'AFP aux Jeux asiatiques mais l'AIBA a ensuite diffusé un communiqué, notant avoir remis "deux rapports complémentaires" au CIO le mois dernier.

"Ces rapports ont souligné les améliorations notamment dans les finances, la gouvernance, la direction ou le système d'arbitrage de l'organisation", a insisté l'AIBA. "Certaines de ces évolutions nécessitent l'accord du congrès de l'AIBA début novembre, et le bureau exécutif du CIO a ainsi demandé un troisième et dernier rapport après ce congrès pour confirmer que les changements ont bien eu lieu".

Ed Picson a encore pu constater quelques décisions discutables des arbitres aux Jeux asiatiques ces derniers jours, contre certains de ses boxeurs philippins, notamment au profit d'un adversaire... ouzbek.

"Gafur Rakhimov semble tout faire pour se plier aux volontés du CIO, mais on verra", estime-t-il cependant. "Il semble faire beaucoup d'efforts pour redresser les choses et c'est un bon signe. Cela fait longtemps qu'il évolue dans le milieu de la boxe et il comprend ce qui doit être fait. On espère qu'il pourra poursuivre ces réformes".

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