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La chaîne télévisée européenne Euronews interdite au Bélarus

Les autorités bélarusses ont interdit la diffusion dans le pays de la chaîne télévisée européenne Euronews, une mesure de censure selon des voix critiques du régime contesté d'Alexandre Loukachenko.

"Le ministère de l'Information a exclu le programme télévisé étranger Euronews", a déclaré lundi le ministère bélarusse dans un communiqué, précisant que la chaîne, dont le siège est en France, serait remplacée par une programmation sur la deuxième guerre mondiale produite par la Russie.

L'autorisation de diffusion de la chaîne n'a pas été renouvelée en raison de publicités diffusées en anglais, au lieu d'être traduites en russe ou bélarusse, a précisé un porte-parole du ministère à l'agence Ria Novosti.

"Nous regrettons vivement la décision prise de suspendre la diffusion d’Euronews au Bélarus à compter d’aujourd’hui. Nous n’avons pas été notifiés de cette décision, ni de ses motivations, et avons appris la nouvelle ce matin par voie de presse", a réagi auprès de l'AFP un porte-parole d'Euronews.

La chaîne s'est dite "fière d'être reconnue à travers le monde comme un média indépendant traitant l'information de manière scrupuluseusement factuelle et impartiale en langue russe comme sur toutes ses éditions linguistiques".

"Euronews, attachée à la liberté de la presse, mettra tout en œuvre pour que ses audiences au Bélarus puissent de nouveau avoir accès, à la télévision, au journalisme impartial et de qualité qui la caractérise. En attendant, ces audiences pourront continuer à nous suivre sur nos plateformes digitales", a ajouté son porte-parole.

Cette interdiction en rajoute à "la situation désespérée dans laquelle se trouvent les médias indépendants au Bélarus", dénonce Ales Bialiatski, à la tête de l'ONG bélarusse Viasna.

Selon lui, cette chaîne permettait aux téléspectateurs d'"avoir conscience des évènements européens". Cette chaîne est désormais "remplacée par une chaîne de propagande (...) Le Bélarus tombe dans l'isolement de l'information et c'est ce que veut le régime", affirme M. Bialiatski.

"Heureusement, la pénétration d'internet est très élevée dans le pays, mais il s'agit clairement d'une tentative de limiter l'accès à l'information", a indiqué pour sa part sur Twitter la journaliste indépendante et analyste bélarusse Hanna Liubakova.

Un grand mouvement de contestation contre le président Alexandre Loukachenko a secoué le Bélarus en 2020, mais a été depuis jugulé par la répression constante orchestrée par le pouvoir.

L'opposition conteste la réélection de M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, à la présidentielle d'août dernier, jugée frauduleuse.

Le mouvement a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Minsk et d'autres villes pendant des semaines avant de s'essouffler progressivement à coups d'arrestations massives, de violences ayant fait au moins quatre morts et de lourdes peines de prison qui continuent de tomber.

Une campagne de répression des médias indépendants a également suivi, avec l'arrestation de nombreux journalistes, dont certains ont écopé de peines de prison ferme.

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