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La chaleur, "risque majeur" aux JO de Tokyo, s'alarme un responsable médical japonais

Un haut responsable médical japonais tire la sonnette d'alarme face au "risque majeur" de coups de chaleur lors des Jeux olympiques l'été prochain à Tokyo, où des températures caniculaires doublées d'une humidité extrême peuvent survenir à cette période, un cocktail délétère.

"Mon avis personnel, c'est que des événements sportifs devraient se dérouler dans un environnement agréable" pose Kimiyuki Nagashima, un responsable exécutif de l'Association médicale japonaise (JMA), interrogé par l'AFP.

"Je ne pense pas qu'il soit acceptable d'en organiser pour des raisons économiques à une période et à un endroit inappropriés", ajoute-t-il.

Or la capitale japonaise, qui peut se transformer en étuve géante en été, "n'est généralement pas un endroit approprié" pour des activités sportives en extérieur à cette période de l'année, tant pour les athlètes que pour les spectateurs, selon ce chirurgien orthopédique supervisant la médecine du sport au sein de la JMA.

La dernière fois que Tokyo avait accueilli les JO d'été, en 1964, l'événement avait été organisé en octobre, précisément pour éviter la chaleur.

Dans son dossier de candidature pour accueillir les JO 2020, Tokyo soutenait que la période prévue de la compétition (du 24 juillet au 9 août, puis du 25 août au 6 septembre pour les Paralympiques) "offre aux athlètes un climat idéal et propice aux meilleures performances", avec "des températures douces et de nombreux jours ensoleillés".

Cependant ces dernières années, y compris cet été, la mégapole a été frappée par des vagues de températures record et des cas fréquents de coups de chaleur, parfois mortels, ce qui a soulevé de vives inquiétudes pour les athlètes et les spectateurs lors des JO 2020.

Selon M. Nagashima, les cas recensés de coups de chaleur au Japon augmentent chaque année. De juin à septembre 2018, près de 93.000 personnes dans le pays sont allées aux urgences pour des coups de chaleur, et 159 de ces patients en sont morts.

La plupart de ces cas sont apparus entre mi-juillet et mi-août, qui est précisément la période des prochains JO.

"Depuis le début, nous avons identifié les coups de chaleur comme le risque majeur des Jeux olympiques de Tokyo en 2020, en ce qui concerne la santé", souligne M. Nagashima.

- Plusieurs incidents lors des tests -

Les conditions climatiques sont devenues le principal casse-tête des organisateurs nippons. Les horaires de départ de plusieurs épreuves olympiques, dont le marathon, ont été ainsi avancés à l'aube pour limiter l'impact de la chaleur.

Les organisateurs redoublent aussi d'inventivité pour imaginer d'autres parades, avec une efficacité très inégale: brumisateurs géants, "neige" artificielle et même des barrières de fleurs en pot qui auraient d'après eux un effet refroidissant "psychologique".

Mais les tests sportifs réalisés cet été n'ont fait que renforcer les inquiétudes. Mi-août, la triathlète française Cassandre Beaugrand avait dû être hospitalisée, victime d'une insolation lors d'un "test-event" à Tokyo.

Une douzaine de personnes ont aussi été prises de malaises lors d'une course d'aviron, et le décès d'un ouvrier sur un chantier des JO début août était lié à la chaleur, selon les médias nippons.

Plusieurs nageurs se sont aussi plaints de températures trop élevées de l'eau pour des épreuves de natation en eau libre.

Par ailleurs, le docteur Nagashima précise avoir appelé les organisateurs à penser au-delà du périmètre des Jeux: car les urgences, risquant d'être débordées par l'événement, seront moins disponibles pour les habitants à une période critique, prévient-il.

Les athlètes, les volontaires et les spectateurs devront aussi se méfier du taux d'humidité "extrêmement élevé" au Japon en été, qui augmente le risque de tomber malade, souligne-t-il.

M. Nagashima recommande aux futurs spectateurs des JO à la santé fragile de consulter leur médecin avant de partir pour Tokyo. Chacun devrait redoubler de précautions pour éviter les coups de chaleur et s'informer au préalable sur le sujet, insiste-t-il.

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