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La controverse entre Benalla et l'Elysée tourne au bras de fer médiatique

Parole contre parole: la nouvelle controverse autour d'Alexandre Benalla a tourné lundi au bras de fer médiatique entre l'ancien chargé de mission et son ex-employeur, la présidence de la République.

L'ancien conseiller d'Emmanuel Macron a affirmé avoir continué d'échanger avec le chef de l'Etat après son licenciement en juillet, s'attirant en réponse l'accusation, par l'Elysée, d'entretenir "tout un faisceau de contrevérités et d'approximations" pour "se venger".

Alexandre Benalla avait été à l'origine d'une tempête politique cet été après avoir été identifié sur des vidéos en train d'interpeller violemment des manifestants à Paris le 1er mai. Ces faits ont entraîné son départ de l'Elysée en juillet et deux mises en examen. Puis, ces derniers jours, la presse a révélé que l'ancien collaborateur disposait toujours de passeports diplomatiques, et qu'il effectuait des voyages d'affaires auprès de dirigeants africains.

Avec Emmanuel Macron, "nous échangeons sur des thématiques diverses. C'est souvent sur le mode +comment tu vois les choses ?+", assure M. Benalla dans un entretien avec Mediapart mis en ligne dans la nuit de dimanche à lundi. "Cela peut aussi bien concerner les +gilets jaunes+, des considérations sur untel ou sur untel ou sur des questions de sécurité".

Il explique avoir continué à communiquer régulièrement avec le chef de l'Etat via la messagerie Telegram, précisant en avoir conservé la preuve sur son téléphone portable. A BFMTV, M. Benalla a affirmé que le dernier échange datait du 24 décembre.

Ces échanges, ainsi qu'avec d'autres membres de la présidence, ont selon lui eu lieu jusqu’aux récentes révélations sur l'utilisation d’un passeport diplomatique pour des voyages d'affaires en Afrique : "Là, le lien est coupé".

"Nous ne souhaitons pas poursuivre un dialogue par presse interposée avec M. Benalla qui se venge de son licenciement pour faute grave en entretenant tout un faisceau de contrevérités et d'approximations", a déclaré l'Elysée à l'AFP.

Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, a cité dans l'après-mdi un message reçu de Sylvain Fort, le directeur de communication de l'Elysée, soulignant que "rien n’interdit à AB (Alexandre Benalla, ndlr) d’écrire au PR (président, ndlr)", et "que celui-ci a pu accuser une ou deux fois réception. Mais jamais le PR n’a sollicité d’AB ni confié à celui-ci de tâche particulière comme AB l’indique dans son interview".

"Nous ne confirmons rien", a ensuite affirmé l'Elysée à l'AFP, en réponse à la question de savoir si des échanges avaient eu lieu.

- "diligences" -

Souhaitant revenir "aux faits", le palais présidentiel avait assuré à nouveau, peu auparavant, qu'Alexandre Benalla "n'a tenu l'Elysée au courant d'une partie de ses déplacements que le 20 décembre, c'est-à-dire après que des journalistes aient appris l'existence de son déplacement au Tchad".

A propos des passeports diplomatiques qu'une personne de l'Elysée aurait remis en octobre à l'ex-conseiller, selon les déclarations de ce dernier, la présidence a assuré n'avoir pas détenu ces documents et donc n'avoir pu les lui remettre.

"L'Elysée a procédé depuis son licenciement à toutes les diligences pour récupérer les passeports et autres titres de l'intéressé", a insisté le palais présidentiel.

"Il revient à la justice de donner suite à l'éventuelle utilisation de ces passeports diplomatiques par Alexandre Benalla depuis son départ de l'Elysée, utilisation dont l'Elysée n'avait pas connaissance avant que la presse ne la révèle", souligne-t-on de même source.

Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête préliminaire pour "abus de confiance" et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle".

Le Quai d'Orsay a, de son côté, affirmé lundi que l'ex-conseiller n'avait "bénéficié d'aucune indulgence particulière" et que "plusieurs démarches" avaient été effectuées par le ministère pour obtenir la restitution des passeports.

Plusieurs responsables de l'opposition, LR et socialistes, ont à nouveau demandé lundi des explications de l'Elysée, dénonçant des "mensonges" et des "dissimulations".

Le député LR Guillaume Larrivé a demandé que le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian soit poursuivi devant la Cour de justice de la République.

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