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La Cour suprême des Etats-Unis a refusé jeudi de fixer des limites à un dysfonctionnement majeur et ancien de la démocratie américaine: l'art subtil du découpage électoral destiné à favoriser le parti au pouvoir.
Le temple du droit américain, qui avait botté en touche à plusieurs reprises sur ce sujet, a refusé d'invalider deux cartes électorales, l'une en Caroline du Nord jugée trop favorable aux républicains, l'autre dans le Maryland qui avantageait les démocrates.
La décision a été prise à une courte majorité: les cinq juges conservateurs ont estimé qu'il n'était pas du ressort des tribunaux de s'immiscer dans cette question politique.
Leurs quatre collègues progressistes ont pris une position contraire.
Aux Etats-Unis, les cartes électorales sont redessinées dans chaque Etat après chaque recensement, soit tous les dix ans. Le parti au pouvoir en profite souvent pour regrouper les électeurs du camp opposé dans certaines circonscriptions, afin de faire baisser leur influence ailleurs.
La technique est appelée "gerrymandering", un mot-valise bâti à partir du nom d'un gouverneur du XIXe siècle, Elbridge Gerry, et de "salamander". Gerry avait en effet remanié une circonscription de son Etat au point de lui donner la forme d'une salamandre.
La pratique est facilitée par le fait que, dans la plupart des Etats, les électeurs sont invités à se déclarer comme "démocrate", "républicain" ou "indépendant" lors de l'inscription sur les listes électorales, ce qui leur permet ensuite de participer aux primaires de leur parti.
Elle suscite de plus en plus de critiques. Des manifestants s'étaient rassemblés en mars devant la Cour suprême quand elle avait auditionné les parties.
Parmi eux, l'ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger avait dénoncé "une escroquerie qui dure depuis trop longtemps". Le gerrymandering permet aux élus "de protéger leur emploi", avait-il ajouté.