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La Floride de nouveau plongée dans un amer imbroglio électoral

Républicains, Donald Trump en tête, et démocrates s'accusaient vendredi mutuellement autour des résultats électoraux encore incertains en Floride, trois jours après les législatives, une controverse qui rappelle l'imbroglio historique de la présidentielle américaine de 2000.

"C'est honteux ce qu'il se passe en Floride", a tonné Donald Trump devant les caméras.

Pesant de toute son autorité présidentielle dans un résultat qui n'a pas encore été officiellement annoncé après les élections parlementaires de mardi, il a du même souffle affirmé que le candidat républicain au Sénat en Floride, Rick Scott, "avait facilement gagné".

Le dépouillement est pourtant toujours en cours.

"Dans une démocratie, personne, pas même le président, ne peut empêcher le dépouillement légal des voix", a riposté le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. "Nous ne l'autoriserons pas, ni quiconque, à voler cette élection".

La Floride semble promise à un nouveau comptage dans les prochains jours, tant la marge qui sépare M. Scott du sénateur démocrate sortant, Bill Nelson, est serrée, à 0,18 point de pourcentage vendredi, soit moins de 15.000 voix dans un Etat de 21 millions d'habitants.

Un scénario similaire perturbe l'élection pour le poste de gouverneur de Floride.

Dans ce cas, le candidat démocrate Andrew Gillum a d'abord concédé sa défaite mardi soir.

Mais il a depuis appris que de nombreux bulletins devaient encore être dépouillés, ce qui pourrait modifier l'étroite marge --0,44 point, et 36.165 votes vendredi-- qui le sépare du républicain Ron DeSantis.

Les autorités locales ont jusqu'à samedi midi en pour communiquer les résultats provisoires. Si l'écart est alors inférieur à 0,5 point, un nouveau dépouillement sera automatiquement ordonné. S'il est inférieur à 0,25 point, ce nouveau comptage devra être fait à la main.

Il faudra donc attendre avant d'avoir des résultats officiels dans cette même Floride qui avait occupé les médias du monde entier en l'an 2000, lorsque quelques votes seulement séparaient le républicain George W. Bush du démocrate Al Gore pour la présidentielle.

Les images frappantes de responsables scrutant, parfois à la loupe, un par un des bulletins perforés au poinçon ont marqué les mémoires.

Le processus avait finalement été arrêté par la Cour suprême des Etats-Unis. Le républicain avait battu le démocrate en Floride par 537 voix et remporté la présidentielle.

Mais cette fois, les autorités locales ont obligation de donner un résultat définitif le 18 novembre.

- Géorgie et Arizona -

Dans la Géorgie voisine, la candidate démocrate au poste de gouverneur, Stacey Abrams, refuse elle depuis mardi de concéder sa défaite face au républicain Brian Kemp, tant que toutes les voix n'ont pas été comptées.

"Vous voulez dire qu'ils découvrent des votes juste maintenant en Floride et Géorgie alors que l'élection a eu lieu mardi?" a ironisé Donald Trump sur Twitter. Brian Kemp "a gagné".

De son côté, Rick Scott, qui occupe encore son poste de gouverneur de Floride, a annoncé jeudi soir qu'il avait porté plainte contre des responsables électoraux en dénonçant une "fraude effrénée".

Des manifestants pro-Scott en colère se sont rassemblés devant une commission électorale vendredi.

Mais aucune enquête pour fraude n'avait été ouverte vendredi soir, ont indiqué les autorités de Floride à l'AFP.

"On ne découvre pas des votes", a rétorqué le sénateur démocrate sortant, Bill Nelson. "Ils sont juste en train d'être comptés".

Il a lui aussi lancé une procédure judiciaire, pour empêcher que des milliers de bulletins envoyés par courrier soient rejetés.

Jugeant les déclarations des responsables républicains "irresponsables", David Lublin, professeur en sciences politiques à l'American University, rejette l'idée d'une manipulation.

Le dépouillement de bulletins, qui comportent des dizaines de catégories et arrivent aussi en grand nombre par courrier, prend toujours du temps aux Etats-Unis. Et dans les Etats où les résultats sont aussi serrés qu'en Floride, chaque vote compte et il faut donc attendre.

Ce même raisonnement vaut pour l'Arizona, où les électeurs peuvent encore asséner un coup de théâtre dans le choix de leur sénatrice, alors que plus de 260.000 bulletins n'avaient toujours pas été dépouillés vendredi soir.

La démocrate Kyrsten Sinema a surpris en prenant l'avantage sur la républicaine Martha McSally, dont la victoire semblait pourtant assurée mardi.

Kyrsten Sinema menait de plus de 20.000 voix vendredi soir. Un nouveau point sur les suffrages est prévu samedi.

Si les démocrates l'emportent finalement ici et en Floride, la majorité républicaine au Sénat restera assurée mais sera plus courte qu'anticipée.

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