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La gestion de la Grande mosquée de Bruxelles retirée à l'Arabie saoudite

Le gouvernement belge a décidé vendredi de résilier la convention vieille d'un demi-siècle qui confiait la gestion de la Grande mosquée de Bruxelles à des intérêts saoudiens, a annoncé le ministre de la Justice Koen Geens.

L’exécutif satisfait ainsi l'une des principales recommandations de la commission d'enquête parlementaire qui avait été mise sur pied au lendemain des attentats du 22 mars 2016 revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (32 morts à Bruxelles).

La Grande mosquée de Bruxelles, située dans un grand parc public en plein quartier européen, est un lieu emblématique de l'islam en Belgique.

Mais dans les conclusions de cette commission parlementaire, en octobre 2017, l'institution s'était vu reprocher de promouvoir un islam "salafo-wahhabite" susceptible de "jouer un rôle très significatif dans le radicalisme violent".

Vendredi, a précisé Koen Geens, c'est en conseil des ministres qu'a été actée la décision de "résilier la convention emphytéotique avec le Centre Islamique et Culturel de Belgique (CICB - la Grande Mosquée de Bruxelles), rattaché à la Ligue islamique mondiale", organisation liée à la dynastie qui règne sur l'Arabie saoudite.

Cette convention de juin 1969 liait en théorie l'Etat belge aux Saoudiens pour 99 ans.

Désormais le CICB dispose d'un an pour libérer le bâtiment, ce qui laisse le temps à "une nouvelle structure associant l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et une communauté locale" de se constituer afin d'en reprendre la gestion, selon l'agence Belga.

Le gouvernement souhaite désormais "pluralité et transparence" au sein de la Grande mosquée, qui devra "demander une reconnaissance" par l'Etat et "respecter les lois et traditions de notre pays qui véhiculent une vision tolérante de l'islam", a précisé le ministre de la Justice.

"Outre un bâtiment dédié au culte, le complexe accueillera également l’administration de l’EMB et il y sera aussi prévu une formation des imams ou un centre exposant les réalisations de la civilisation musulmane dans un cadre culturel plus large", a-t-il ajouté.

"C'est un signal majeur pour notre communauté musulmane qui a été instrumentalisée pendant des décennies par un islam qui n'était pas son islam malikite, plus tolérant, plus modéré", a réagi auprès de l'AFP le député centriste Georges Dallemagne, en allusion à l'école de jurisprudence la plus répandue en Afrique du Nord. Les musulmans de Belgique sont majoritairement d'origine marocaine.

"Le combat doit désormais être menée au niveau européen", a ajouté cet élu, qui a été vice-président de la commission parlementaire sur les attentats, soulignant qu'en Europe "20 mosquées dépendent de la Ligue islamique mondiale".

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