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La "Maison du Salut" de Varanasi, là où les hindous vont pour mourir

Ils arrivent à bord de voitures vieillissantes, en béquilles ou sur des brancards, parfois à peine capables de respirer. Mais le salut est proche pour les milliers d'hindous qui vont chaque année jusqu'à Varanasi, ville sacrée d'Inde, pour y mourir.

Si certains vont attendre leur fin dans des hébergements pour personnes âgées surplombant le Gange, les cas les plus critiques et pauvres sont amenés jusqu'au Kashi Labh Mukti Bhawan ("Maison du Salut"), réservé aux agonisants n'ayant plus que quelques jours à vivre.

Une vingtaine d'hommes et de femmes débarquent chaque mois dans cet "hôtel de la mort". Le bâtiment décrépi datant de l'époque coloniale britannique propose douze chambres spartiates, au sol de béton nu sur lequel sont installés les mourants.

Dans la foi hindoue, mourir ou être incinéré à Varanasi (Bénarès, nord de l'Inde) permet de mettre fin au cycle des réincarnations et d'atteindre le salut. L'âme ne revient alors plus investir un autre corps mais se dissout dans le cosmos, ce qui constitue le but ultime de tout hindou.

Brûlant jour comme nuit depuis des siècles, les célèbres bûchers funéraires de cette citée sacrée de l'hindouisme attirent chaque année des milliers de touristes du monde entier.

Les hôtes du Mukti Bhawan ne durent généralement pas plus de quelques jours, indique Bhairav Nath Shukla, responsable du lieu depuis plus de quatre décennies. La durée maximale de séjour y est de deux semaines.

"Il y a eu quelques exceptions. Certaines personnes étaient très malades mais vivaient toujours au bout d'une semaine", relate le gérant, que l'on trouve généralement dans la cour devant l'entrée.

"Parfois nous demandons à leur famille de les ramener chez eux et de revenir plus tard. Parfois nous les laissons rester plus longtemps."

Contre l'équivalent d'un dollar par jour, les résidents ont droit à une chambre et un ventilateur. Un prêtre hindou vient quotidiennement effectuer des rituels religieux et offrir aux malades de l'eau du Gange, considérée comme spirituellement pure et sacrée.

Les familles suffisamment fortunées peuvent aussi faire venir une chorale hindoue qui chantera des hymnes religieux pour le mourant.

Pour venir expirer à Varanasi, certains malades ont été transportés à l'arrière d'une voiture depuis un village isolé. D'aucuns ont parfois pris l'avion pour venir d'un pays lointain.

"Toutes sortes de gens de milieux différents viennent ici", explique M. Shukla. "Ils viennent de l'est, du sud, de nord-est éloigné de l'Inde et de l'étranger."

"La plupart viennent ici avec leur famille qui prie et attend leur fin."

D'après le gérant, plus de 15.000 personnes ont rendu l'âme à Mukti Bhawan depuis son ouverture en 1908. Elles sont ensuite emmenées sur la rive du Gange pour y être incinérées.

Plusieurs mouroirs de ce genre existaient auparavant à Varanasi, mais nombre d'entre eux se sont reconvertis depuis en hôtels pour touristes, une activité plus rentable.

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