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La mission de la reine au Kenya révèle la souffrance de nombreux jeunes du pays: à 13 ans, Purity devait se marier à un homme de 45 ans

Cette semaine, la reine Mathilde et la princesse Elisabeth étaient en mission au Kenya pour l'Unicef. Dans le pays, la moitié de la population a moins de 18 ans. De nombreux enfants y sont confrontés au manque d'école et beaucoup d'entre eux vivent d'ailleurs dans la rue. C'est aussi un pays où beaucoup de femmes sont confrontées aux violences dès leur plus jeune âge. De réelles et profondes souffrances qu'ont pu constater nos envoyés spéciaux.

Notre équipe s'est rendue dans la classe du professeur Ochalla. La pièce est bien trop petite pour accueillir tous les élèves. Ils sont 159 à assister au cours lors de notre visite. Il n’y a donc pas de chaises pour tout le monde. "Regardez tout ce monde, c’est très difficile de donner une leçon parce que les élèves sont serrés, vous ne pouvez pas circuler dans la classe", confie le professeur.

Beaucoup d’enfants et pas assez d’écoles. C’est l’un des défis majeurs du Kenya, où plus de la moitié de la population a moins de 18 ans et 42% vivent sous le seuil de pauvreté.

Ils vivent seuls, ils dorment dehors, ils n’ont rien à manger

Dans la capitale Nairobi, beaucoup de jeunes sont livrés à eux-mêmes. Keith a 17 ans, il vit dans la rue et parfois, le matin, il rejoint un centre d’accueil où il pratique plusieurs activités à défaut d’aller en classe. Nous lui demandons s'il va à l'école. "Non", répond-il. "A cause de la situation de ma mère. Elle boit beaucoup d’alcool, on n’arrive pas à se comprendre à la maison", indique l'adolescent.

John Muthania, un éducateur, nous explique la situation vécue par de nombreux jeunes: "Certains n’ont plus de parent. Ils vivent seuls, ils dorment dehors, ils n’ont rien à manger, et pas d’argent non plus pour subvenir à leur besoin".


Une jeunesse qui glisse vers la drogue et la dépression

Face à la misère, à la situation politique et économique du pays, beaucoup de jeunes sombrent silencieusement dans la drogue et la dépression. Le mois dernier, un rapport de l’église catholique dénonçait le désespoir des jeunes kenyans.

"C’est la vérité. Il ne se passe pas un jour sans qu’on parle de problèmes sentimentaux, de cas de suicide, de cas de dépression. Il y en a tous les jours. Le nombre est en augmentation", précise Sarah O'Kubasu, une psychologue.


Une académie de foot pour retrouver un peu de dignité

Construire un avenir pour les jeunes les plus vulnérables, c’est le but de l'académie de football Acokoro. Nous l'avons visitée dans la banlieue de Nairobi. Là, tous les jeunes rêvent de devenir des professionnels, comme leur idole… Un certain Divock Origi. Le Diable Rouge d’origine Kenyane est ici une star incontestée.

Lorsque nous demandons aux enfants présents s'ils veulent devenir comme lui, ils répondent en chœur: "Oui!". Et c’est bien le but de l'académie. Elle permet aussi à ces enfants dont les familles vivent avec moins de 1 dollar par jour de retrouver un peu de dignité.

"Nous payons les frais de scolarité et leur donnons des uniformes. Le football a une puissance sociale. Ça leur donne des valeurs, des compétences, des responsabilités et ça leur apprend à être plus respectueux les uns envers les autres", confie Rachid Mohammed, entraîneur de l'académie Acokoro.

Les enfants jouent au foot deux heures par jour, et les filles ici ne sont pas exclues.

Je ne connaissais pas l’homme avec qui j’étais censée me marier

Pourtant, dans la société kényane, les inégalités entre hommes et femmes sont répandues. Dans la communauté Massai, il n’est pas rare qu’elles soient contraintes de se marier dès l’âge de 9 ans, comme Purity, que nous avons interviewée. Elle en avait 13 quand son père la promet en mariage à un homme de 45 ans.

"Je ne connaissais pas l’homme avec qui j’étais censée me marier. Je ne l’ai jamais vu. La meilleure solution pour moi, c’était de m’enfuir et de me réfugier à l’école", nous explique la jeune femme.


76% des filles kényanes victimes de violences avant l'âge de 18 ans

Sur les 650 enfants scolarisés dans une école que nous avons visitée, plus de 200 ont été sauvées du mariage, des violences sexuelles, ou encore des mutilations génitales grâce au dialogue et au travail de prévention.

L'excision est interdite par le gouvernement kényan, mais dans certaines communautés ethniques, elles continuent d'être pratiquées. Selon un rapport de l'Unicef, 76% des filles au Kenya sont victimes de violences sexuelles, émotionnelles ou physiques avant l'âge de 18 ans.

La défense des droits de l’enfant, c’est ce que la reine Mathilde et la princesse Elisabeth ont tenté de mettre en lumière cette semaine. Elles sont venues soutenir le travail acharné des organisations non gouvernementales comme l’Unicef.

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