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Arménie: au moins 16.000 personnes manifestent contre Sarkissian

Au moins 16.000 personnes se sont rassemblées mercredi soir à Erevan, la capitale arménienne, pour une nouvelle manifestation contre l'ex-président Serge Sarkissian, devenu Premier ministre avec des pouvoirs renforcés, les protestations se poursuivant depuis plusieurs jours.

"Notre révolution de velours se répand", a assuré le député et leader de l'opposition Nikol Pachinian, devant la foule ayant afflué place de la République, au centre d'Erevan, connue pour ses fontaines dansantes lumineuses qui sont restées éteintes dans la soirée pour le deuxième jour consécutif.

Les manifestants, dont certains scandaient "L'Arménie sans Serge" et frappaient sur des tambours, ont déployé sur cette place un drapeau arménien de 30 mètres de long, en signe de leur unité, selon une journaliste de l'AFP.

Les organisateurs de la manifestation ont pour leur part prôné une campagne nationale de "désobéissance civile".

La veille, quand le Parlement a élu Premier ministre l'ancien président, quelque 40.000 personnes avaient manifesté à Erevan contre Serge Sarkissian, à l'appel de Nikol Pachinian, ces protestations étant les plus importantes de ces dernières années.

En se faisant nommer chef du gouvernement, M. Sarkissian, à la tête du pays depuis 2008 et dont le second et dernier mandat présidentiel vient de s'achever, se maintient au pouvoir dans cette petite ex-république soviétique du Caucase, où les fonctions du président sont désormais essentiellement protocolaires à l'issue d'une réforme controversée.

- "situation révolutionnaire" -

"La situation en Arménie est révolutionnaire. Si le nombre de protestataires augmente, Sarkissian sera obligé de démissionner", a déclaré à l'AFP l'une des manifestantes, Anahit Aroustamian, 42 ans.

Un autre manifestant, Chavarich Vardanian, 31 ans, a prôné des "changements politiques sérieux, voire radicaux" pour son pays.

Mercredi matin, près d'un millier de protestataires ont brièvement encerclé la résidence de Serge Sarkissian, dans le centre d'Erevan, avant de défiler à travers la ville, organisant des meetings en divers points de la capitale arménienne.

Le ministère arménien de l'Intérieur a pour sa part appelé "les organisateurs des manifestations à arrêter ces actions illégales", avertissant qu'ils auraient à "assumer leurs responsabilités" en cas d'intervention policière.

Plus de 70 personnes ont été interpellées mercredi, selon la police.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a félicité Serge Sarkissian pour sa nomination. "Nous regardons les évènements en cours en Arménie et nous espérons que tout restera dans le cadre de la loi", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Considéré comme prorusse, Serge Sarkissian a fait adhérer son pays à l'Union eurasiatique, une union économique et douanière chapeautée par Moscou.

- envie des changements -

M. Pachinian avait annoncé mardi "le début d'une révolution pacifique de velours", appelant ses soutiens à former des "comités révolutionnaires" à travers le pays.

"Une écrasante majorité d'Arméniens veut des changements politiques", a déclaré à l'AFP le politologue Guela Vasadze. "Les chances que les manifestations se transforment en révolution sont faibles mais si les autorités échouent à répondre à la demande du peuple, une révolution ne sera pas longue à venir", a-t-il ajouté.

Un autre analyste, Stepan Safaïan, a estimé que "l'ampleur des manifestations prouve que la colère a grandi au cours des dernières années" mais aussi que "l'opposition manque de ressources politiques pour obliger Sarkissian à démissionner".

L'opposition affirme que la réforme qui a donné des pouvoirs renforcés au Premier ministre au détriment du Président avait pour unique but de maintenir au pouvoir Serge Sarkissian, ancien officier de l'armée, président depuis 2008 après avoir été Premier ministre en 2007-2008.

Le nouveau président, Armen Sarkissian, sans lien de parenté avec son prédécesseur, a prêté serment la semaine dernière.

Les manifestations ont débuté il y a près d'une semaine à Erevan et se sont depuis étendues aux deux autres plus grandes villes d'Arménie, Gioumri et Vanadzor.

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