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Pris en étau, George Floyd a succombé à un manque d'oxygène, selon un expert

La mort de George Floyd est due "à un faible niveau d'oxygène" après une combinaison d'actions des policiers qui l'ont plaqué au sol pendant près de dix minutes, a affirmé jeudi un expert au procès de l'agent blanc Derek Chauvin, abordant la question centrale des causes du décès du quadragénaire afro-américain.

Derek Chauvin, 45 ans, est accusé d'avoir tué George Floyd le 25 mai 2020 en maintenant son genou sur le cou de la victime, un drame qui a suscité une vague historique de colère contre le racisme et les violences policières aux Etats-Unis.

George Floyd avait plusieurs fois crié "Je ne peux pas respirer" aux trois policiers qui le maintenaient allongé sur le ventre sur l'asphalte, les mains menottées dans le dos, en faisant pression sur son dos, son cou et ses côtes.

Selon Martin Tobin, un pneumologue réputé appelé à témoigner par l'accusation, cette combinaison de facteurs a été fatale à la victime, prise en étau entre la force des policiers et le sol.

"A chaque respiration, il doit se battre contre l'asphalte, il doit se battre avec le faible niveau d'air qu'il aspire en essayant de relever les genoux des policiers" qui eux appuient ses mains menottées sur sa cage thoracique, a-t-il expliqué aux jurés, s'aidant de photos et de croquis.

Ce "faible niveau d'oxygène" causé par des difficultés à respirer "a endommagé son cerveau et provoqué une arythmie qui a causé un arrêt du coeur", a estimé le Dr Tobin.

- Pression directe -

C'est la thèse de l'accusation, pour qui George Floyd a succombé à une asphyxie, alors que l'autopsie a seulement conclu à un arrêt cardiaque.

Le genou du policier était sur le cou et le dos de George Floyd pendant "plus de 90% du temps" qu'a duré l'immobilisation, a affirmé Martin Tobin.

Pour le médecin, la pression exercée par Derek Chauvin sur le cou de George Floyd représentait à un certain moment "la moitié de son poids et de son équipement", soit 41,5 kg selon ses calculs.

Le quadragénaire a sombré dans l'inconscience avant de cesser de respirer.

"C'est l'instant où la vie quitte son corps", a dit l'expert en commentant un extrait vidéo.

Evacué dans une ambulance, George Floyd n'a pu être ranimé et il a été déclaré mort à l'hôpital.

Une personne en bonne santé "serait morte de ce que M. Floyd a subi", a-t-il affirmé.

Un autre médecin appelé par l'accusation, Bill Smock, a écarté l'hypothèse d'un décès provoqué par sa consommation de drogue, avancée par Eric Nelson, l'avocat de Derek Chauvin.

Des analyses toxicologiques ont confirmé la présence de cannabis, de méthamphétamine et de fentanyl, un puissant opiacé, dans le sang de George Floyd.

Selon Me Nelson, George Floyd aurait pu ingérer du fentanyl juste avant d'être arrêté, provoquant des difficultés respiratoires alors qu'il avait été infecté par le Covid-19.

- Inaction des policiers -

"Il dit +s'il vous plaît, poussez-vous, je veux respirer, je ne peux pas respirer+. Ce n'est pas une overdose de fentanyl, c'est quelqu'un qui supplie qu'on le laisse respirer", a lancé le Dr Smock, médecin spécialiste des soins d'urgence, après la diffusion d'un extrait vidéo.

Dans la salle, une nièce de George Floyd avait enfoui son visage dans ses mains, ayant visiblement du mal à supporter la scène.

Il a expliqué n'avoir vu dans les analyses aucun élément pouvant indiquer une overdose de méthamphétamines, de fentanyl, ou des deux.

Le Dr Smock a aussi souligné l'inaction des policiers quand l'un d'eux annonce ne plus détecter le pouls de George Floyd. "Ils auraient dû commencer un massage cardiaque", a-t-il dit, visiblement ému.

Plusieurs responsables policiers appelés à témoigner depuis neuf jours ont estimé que Derek Chauvin avait fait usage d'une force injustifiée et en violation du code de procédure.

L'ex-policier, qui encourt jusqu'à 40 ans de prison, plaide non coupable, affirmant avoir utilisé une technique conforme à sa formation pour maîtriser un suspect récalcitrant.

L'avocat de Derek Chauvin soutient que George Floyd, qui avait des antécédents médicaux et soignait une addiction chronique aux opiacés, est mort d'une overdose, et qu'une foule selon lui menaçante avait détourné l'attention des agents de l'état du quadragénaire.

Les débats devraient se poursuivre encore environ deux semaines. Le verdict des jurés dans ce procès hors norme n'est pas attendu avant fin avril.

Les autres policiers impliqués dans la mort de George Floyd seront eux jugés pour complicité de meurtre en août.

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