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La polémique repart sur Polanski, en tête des nominations aux César

La polémique repart sur Roman Polanski, alors que son film "J'accuse", dont la sortie a été perturbée par une nouvelle accusation de viol contre le réalisateur, mène les nominations pour les César annoncées mercredi.

Thriller historique sur l'affaire Dreyfus avec Jean Dujardin, récompensé par le Grand prix du jury à Venise, "J'accuse" est en lice pour douze prix pour les récompenses suprêmes du cinéma français, notamment dans les catégories reines de la meilleure réalisation et du meilleur film.

Il est suivi par "Les Misérables" de Ladj Ly, film coup de poing sur les banlieues, et "La Belle époque" de Nicolas Bedos, avec onze nominations chacun, puis "Portrait de la jeune fille en feu" de Céline Sciamma, histoire d'amour interdite entre deux femmes au XVIIIe siècle, avec dix nominations.

En ajoutant les sélectionnés pour le César du public - pour lequel les professionnels sont appelés à voter parmi les cinq films français ayant fait le plus d'entrées en 2019 -, "Les Misérables" bénéficie cependant d'une douzième nomination, non inclue dans le décompte communiqué par les César.

L'annonce des nominations a aussitôt mis le feu aux poudres, relançant la polémique sur le cinéaste franco-polonais de 86 ans, qu'une partie de l'opinion publique et les féministes n'acceptent plus de voir honoré.

Le président de l'Académie des César Alain Terzian a affirmé que son instance ne devait pas "avoir des positions morales". "Sauf erreur de ma part, 1,5 million de Français sont allés voir son film. Interrogez-les", a-t-il ajouté.

La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa s'est interrogée sur RTL sur "le message qui est envoyé". "Là, je crois que l'on ne respecte pas les femmes", a-t-elle ajouté, estimant que "manifestement, le cinéma n'a pas terminé sa révolution en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles".

L'Académie des César "est libre de ses choix et de son mode de fonctionnement", a souligné de son côté le ministre de la Culture Franck Riester. Le ministre a également réaffirmé qu'il continuerait de défendre "la liberté de création avec la même détermination que je combats, au quotidien, toutes les formes de violences sexistes et sexuelles". "Un artiste est un justiciable comme les autres", a-t-il conclu.

- Appel à manifester -

Toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre d'une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977, Roman Polanski est visé depuis novembre par une nouvelle accusation de viol de la photographe française Valentine Monnier, qu'il conteste. Elle s'ajoute aux accusations d'autres femmes ces dernières années.

Une déferlante de réactions indignées sont aussi apparues sur les réseaux sociaux, alors que le sujet Polanski était dans les principales tendances sur Twitter.

"12 nominations pour le film +J'accuse+ de Polanski ! 12 comme le nombre de femmes qui l'accusent de viols! Honte @Les César", a Twitté l'association Osez le féminisme, avant d'appeler à manifester devant la salle Pleyel, où se tiendra le 28 février la cérémonie présidée par l'actrice Sandrine Kiberlain.

"Il est grand temps pour les professionnels du cinéma de se distancier nettement des César. J'ose espérer qu'une grande majorité d'entre eux ainsi que Franck Riester refuseront d'assister à la cérémonie", a réagi Alice Coffin, du groupe féministe La Barbe.

La fondatrice du groupe de pression Women and Hollywood, Melissa Silverstein, a déploré sur Twitter que Céline Sciamma soit la seule femme citée pour le meilleur film et la meilleure réalisation.

- Adèle Haenel nommée -

En 2017, les César avaient déjà été au coeur d'une controverse concernant le réalisateur du "Pianiste", qui avait dû renoncer à présider la cérémonie sous la pression des féministes.

Après de vives critiques qui ont accompagné cet été sa sélection à la Mostra de Venise, "J'accuse" a connu une sortie mouvementée en France en novembre, des féministes ayant bloqué des séances et appelé à boycotter le film.

Paradoxe, Roman Polanski est nommé aux César en même temps que l'actrice Adèle Haenel, qui avait secoué le monde du cinéma en novembre avec ses déclarations, accusant le réalisateur Christophe Ruggia d'"attouchements" et de "harcèlement" quand elle était adolescente.

L'actrice est en lice dans la catégorie meilleure actrice pour "Portrait de la jeune fille en feu" aux côtés notamment d'Eva Green dans "Proxima" ou Karin Viard dans "Chanson douce".

Pour les hommes, Jean Dujardin est en lice pour son rôle du lieutenant-colonel Georges Picquart dans "J'accuse", face à Daniel Auteuil dans "La Belle époque" ou Vincent Cassel dans "Hors normes".

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