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La police tire à balles réelles contre les chrétiens à Kinshasa et fait de nombreux morts: "Une auto-mitrailleuse est passée devant la paroisse"

Au moins six personnes sont mortes dimanche à Kinshasa. Les forces de sécurité congolaises ont tiré à balles réelles pour disperser des marches interdites organisées par un collectif catholique contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, ont indiqué l'ONU et des témoins.

Une jeune fille de 16 ans est décédée après un tir de rafales d'une "auto-mitrailleuse" visant l'entrée de l'église Saint-François-de-Salles dans la commune de Kitambo, a déclaré à l'AFP le médecin, ex-ministre et opposant Jean-Baptise Sondji, qui affirme s'être trouvé sur les lieux. La Mission des Nations unies au Congo (Monusco) a également fait état d'un mort dans cette paroisse, mais parlait d'un homme à la mi-journée. "Une auto-mitrailleuse est passée devant la paroisse. Ils se sont mis à tirer des balles réelles. Je me suis protégé", a déclaré M. Sondji joint par téléphone.


"Une jeune fille qui se trouvait à la porte latérale gauche de l'église a attrapé une balle au niveau de l'humérus gauche qui était complètement déchiqueté", a-t-il poursuivi. "Elle avait beaucoup saigné. On a essayé de mettre un garrot. J'ai essayé les massages cardiaques", a-t-il poursuivi. Le médecin a estimé que la jeune fille était déjà morte quand elle a été transportée en taxi vers l'hôpital de Kitambo. Des membres de la Croix-Rouge lui ont confirmé le décès, affirme-t-il. "Ils ont pris le corps qui est à la morgue de l'hôpital Mama Yemo".

Depuis 13h40, le bilan des victimes s'est alourdi. L'ONU dénombre 6 morts et 49 blessés.

Des manifestants ont tenté de résister

Au moins 16 personnes ont été blessées, dont quatre grièvement parmi lesquelles deux par balle, a par ailleurs indiqué à l'AFP une infirmière du centre médical Mgr Léonard, près de l'église Saint-Joseph, dans une autre commune populaire de Kinshasa. Outre des gaz lacrymogènes, les forces de sécurité massivement présentes dans la ville ont utilisé des balles réelles pour disperser ces marches après la messe, selon deux journalistes de l'AFP sur le terrain.


Des casques bleus déployés

Une cinquantaine de Casques bleus armés de la Monusco, la force de l'ONU en RDC, se sont déployés devant l'église entre les manifestants dont le nombre était estimé à plusieurs centaines et les forces de l'ordre, selon cette même source. La plus importante mission de l'ONU dans le monde avait promis de déployer ce dimanche des observateurs pour rapporter d'éventuels cas de violences ou de violations des droits de l'homme. "Ce déploiement de Casques bleus nous empêche de faire correctement notre travail", a lancé un responsable de la police congolaise devant des journalistes.

Des tensions ont également été rapportées dans les grandes villes, Kisangani, Lubumbashi, Goma, Beni et Mbuji Mayi, par des correspondants de l'AFP. Fait nouveau par rapport à la précédente marche du 31 décembre, des manifestants ont tenté de résister aux forces de l'ordre après la dispersion de leur rassemblement.


La police nationale évoque 2 morts et des policiers blessés

Le porte-parole de la police nationale congolaise a pour sa part affirmé que "deux personnes ont été tuées" à Kinshasa. "Neuf policiers" ont été blessés "dont deux grièvement", a-t-il ajouté dans une intervention sur la télévision d'Etat Radio télévision nationale congolaise (RTNC).

Parmi les deux tués selon les autorités, une personne a été victime d'un tir à bout portant d'un policier, selon une source proche de la présidence. "Le policier est arrêté et doit être déféré à la justice", a indiqué Yvon Ramazani, chargé de mission à la communication de la présidence, dans un appel à l'AFP.


Déjà 6 morts le 31 décembre

Les autorités congolaises ont une nouvelle fois interdit des marches à l'appel d'un collectif de laïcs proche de l'Eglise catholique qui avait déjà organisé une initiative similaire le 31 décembre dernier. La répression avait alors fait six morts dont cinq à Kinshasa, selon les Nations unies et la nonciature apostolique, aucun d'après les autorités. Dans la nuit de samedi à dimanche, internet a été coupé dans les grandes villes de la RDC où d'importantes forces de l'ordre ont été déployées.

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