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La politique commerciale de Donald Trump sème l'incompréhension

Donald Trump continue à jouer avec les nerfs de ses principaux partenaires commerciaux à coups de tarifs douaniers punitifs, semant incrédulité et incompréhension sur sa stratégie.

Pour l'heure, l'économie américaine a plutôt bien résisté aux décisions imprévisibles du président américain même si l'agriculture et l'industrie manufacturière comptent parmi les dommages collatéraux.

Avec la Chine, la perspective de mettre rapidement fin à la guerre commerciale qu'il a déclenchée il y a 18 mois a volé en éclats mardi quand l'hôte de la Maison Blanche a asséné qu'il n'avait "pas de date butoir".

"D'une certaine manière, j'aime bien l'idée d'attendre après l'élection pour l'accord avec la Chine", a lancé le président, soit novembre 2020.

Pris de court par cette volte-face, les marchés ont chuté à leur plus bas niveau depuis octobre.

Ces dernières semaines, le président s'était montré convaincu de pouvoir conclure rapidement avec Pékin.

Depuis le Bureau ovale et en présence du négociateur en chef chinois, il avait même évoqué une signature à la mi-novembre avec son homologue Xi Jinping.

- "Trump aime les tarifs" -

"Je pense que la seule manière de comprendre tout ça est de reconnaître que le président Trump aime les tarifs douaniers", analyse Edward Alden, expert en politique commerciale au Council on Foreign Relations (CFR).

"Il pense que ceux-ci sont de loin les armes les plus efficaces. Et il croit que les droits de douane sont dommageables aux concurrents mais sont favorables à l'économie américaine", ajoute-t-il.

De fait, la croissance de la première économie du monde s'est avérée plus solide que prévu au troisième trimestre, s'établissant à 2,1% en rythme annuel, mais c'est surtout à cause de la consommation des ménages, l'investissement des entreprises souffrant de l'incertitude créée par les frictions.

L'économie chinoise a dans le même temps fortement ralenti, à 6% sur un an, affectée par les tarifs douaniers.

Et Washington pourrait porter un nouveau coup dur au géant asiatique s'il imposait des droits de douane supplémentaires de 15% le 15 décembre, ciblant quelque 160 milliards de dollars de biens de consommation courante fabriqués en Chine dont les téléphones portables et les vêtements de sport.

Pour les économistes de HFE, "si le président ne revient pas rapidement sur ses commentaires, ce sera un coup de grâce porté aux espoirs d'un accord entre la Chine et les Etats-Unis pour mettre fin à leur guerre commerciale". Un coup psychologique pour les consommateurs aussi.

D'autant que la Chine n'est pas une cible isolée. Lundi, le président républicain a ainsi annoncé de façon inattendue des droits de douane supplémentaires sur l'acier et l'aluminium en provenance du Brésil et de l'Argentine.

Washington a parallèlement menacé de surtaxer 2,4 milliards de dollars de produits français dont le champagne et le roquefort en représailles à une taxe française contre les géants du numérique, Google, Apple, Facebook et Amazon.

- "Lunatique" -

"Le côté lunatique de (Donald) Trump insuffle une énorme dose d'incertitude et de volatilité dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux", résume Eswar Prasad, professeur de politique commerciale à l'Université de Cornell et spécialiste de la Chine.

De plus, les changements inattendus au milieu de négociations déjà compliquées compromettent souvent sa propre équipe de négociation tandis que ses conseillers se retrouvent dans la situation acrobatique d'expliquer parfois l'inexplicable.

Pourquoi par exemple avoir annoncé un accord de phase 1 avec Pékin si les détails techniques n'étaient pas encore réglés?

"Cela rend également les autres pays moins disposés à faire des concessions substantielles, car toute transaction potentielle risque d'être gâchée par un tweet ou une déclaration aléatoire de Trump", opine M. Prasad.

Mais dans une nouvelle volte-face, Donald Trump a minimisé mardi le conflit commercial avec la France lors d'une rencontre dans la capitale britannique.

"Nous avons un différend mineur" et "nous allons probablement pouvoir le surmonter", a déclaré le président américain lors d'une rencontre à Londres avec son homologue français, en marge d'un sommet de l'Otan.

"Je pense qu'avec le président Trump nous pouvons régler cette situation", a estimé Emmanuel Macron de son côté.

"Ce que nous espérons, c'est qu'il y ait encore la place pour discuter, consulter et que la messe n'est pas dite", avait déclaré peu avant à l'AFP à Washington le secrétaire d'Etat français chargé du numérique, Cédric O.

Il a aussi souligné que si les Etats-Unis imposaient effectivement de nouveaux tarifs, ce ne serait pas digne d'un pays allié et partenaire économique.

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