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La Poste lourdement condamnée pour harcèlement sexuel et moral

Le groupe La Poste a été lourdement condamné par le Conseil de prud'hommes de Paris pour harcèlement sexuel et moral d'une employée par l'un de ses supérieurs hiérarchiques, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

La Poste a été condamnée à verser au total plus de 126.000 euros à la victime, dont 30.000 euros pour harcèlement sexuel, 25.000 euros pour harcèlement moral et 10.000 euros pour non respect de l'obligation de sécurité de l'employeur, a détaillé à l'AFP Maude Beckers, son avocate.

Le tribunal a également prononcé la résiliation judiciaire de son contrat aux torts de La Poste, et à l'affichage du jugement dans tous les établissements du groupe.

"Il s'agit de lourdes condamnations", "c'est un jugement extrêmement satisfaisant", s'est félicitée Me Beckers.

"Ça a été trois ans où on m'a humiliée, où on m'a enlevé ma dignité, aujourd'hui le tribunal m'a tout rendu", a déclaré à l'AFP Emmanuelle E., qui n'a osé parler des faits qu'elle a subis qu'en 2015, par peur de répercussions sur son emploi.

"C'est une belle victoire", et "un encouragement pour d'autres femmes qui n'ont jamais osé parler", se réjouit Noura Damerval du syndicat SUD PTT, qui a soutenu Emmanuelle E. tout au long de la procédure.

Embauchée à La Poste en 2001, pour son premier emploi, Emmanuelle E. "a très rapidement été victime de son supérieur hiérarchique qui la harcelait sexuellement" et a tenté "de la violer à deux reprises" en 2014, explique l'avocate.

Agent de traitement colis, elle enchaîne par ailleurs les accidents du travail, et en 2015, alors qu'elle réclame de changer de poste et subit en retour "la pression" de ses supérieurs, se décide finalement à dénoncer les faits auprès de sa direction.

Suite à une enquête interne, La Poste lui promet que son supérieur hiérarchique va "subir une sanction", rapporte Maude Beckers, au lieu de quoi est "organisé son départ à la retraite". "Ils l'ont complètement couvert jusqu'au bout", estime l'avocate.

Aujourd'hui, si les tentatives de viol sont prescrites, Emmanuelle E. a également porté plainte au pénal contre son supérieur pour harcèlement sexuel.

L'obtention en 2016 de la reconnaissance en maladie professionnelle avait déjà été "une première victoire", dit cette trentenaire en arrêt depuis trois ans pour dépression, qui reste prudente: "La Poste peut faire appel, donc ce n'est pas encore le moment de se réjouir".

A l'audience début mars, l'avocate de La Poste avait reconnu qu'Emmanuelle E. avait subi des gestes déplacés, tout en contestant la responsabilité du groupe.

Contactée par l'AFP, La Poste n'a pas souhaité commenter la décision de justice. A l'issue de l'enquête interne, "la personne mise en cause a été immédiatement suspendue et une procédure disciplinaire a été engagée", fait-elle valoir.

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