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La région de Soueida en Syrie pleure ses morts après un carnage de l'EI

La province de Soueida en Syrie a enterré ses morts jeudi au lendemain d'un carnage du groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui a tué plus de 250 personnes dans des attaques coordonnées et montré sa capacité à frapper malgré les revers.

Ce bilan est le plus lourd dans cette province du sud de la Syrie à majorité druze depuis le début du conflit en 2011 et l'un des plus meurtriers en sept ans de guerre, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Il s'agit en outre de l'une des pires attaques revendiquées par l'EI en Syrie.

La majorité des victimes sont des civils tués dans plusieurs villages du nord de la province contrôlée par le régime de Bachar al-Assad, nombre d'entre eux ayant été assassinés chez eux.

L'EI a lancé mercredi plusieurs kamikazes armés de ceintures explosives dans la capitale provinciale de Soueida et dans des villages du nord de la province. D'autres jihadistes ont pris d'assaut des villages tuant des habitants, avant d'être chassés ou tués par les forces du régime.

Selon un dernier bilan de l'OSDH, "252 personnes dont 139 civils ont péri". Les autres victimes sont des combattants prorégime et des habitants qui avaient pris les armes pour défendre leurs villages.

Plus de 60 jihadistes ont été tués dans les attaques et la contre-attaque du régime, a précisé l'ONG.

Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a condamné "un crime barbare qui a fait des centaines de morts et de blessés".

La télévision d'Etat a diffusé en direct les funérailles de victimes à Soueida, auxquelles ont pris part des centaines d'habitants, dont des notables, majoritairement vêtus d'un sarouel noir et d'un bonnet blanc, tenue traditionnelle de la communauté druze, une confession dérivée de l'islam chiite.

- Force de frappe -

Une dizaine de cercueils recouverts du drapeau syrien ont été posés au centre d'une grande salle bondée. Des hommes ont arboré des portraits des victimes, d'autres, armes à bout de bras, ont dansé, sous les applaudissements, en hommage aux victimes.

La petite communauté druze en Syrie a fait le choix de la neutralité dans la guerre et la province de Soueida avait été jusque-là épargnée par les violences qui font rage ailleurs dans le pays.

En revendiquant les attaques, l'EI a publié des photos sur ses réseaux de propagande montrant des jihadistes décapitant au moins quatre hommes présentés comme des combattants du régime capturés à Soueida.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d'un "califat" à cheval sur les vastes territoires conquis en Irak et en Syrie, l'EI a subi d'importants revers après avoir été chassé de tous les centres urbains dans ces deux pays.

En Syrie, les offensives contre les jihadistes ont été menées par le régime et son allié russe, ainsi que par des forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.

L'EI ne contrôle plus aujourd'hui que moins de 3% du territoire syrien. Il est encore présent dans une partie de la province de Deir Ezzor (est), dans une zone désertique à l'est de la ville de Homs (centre) et dans certains secteurs du sud du pays. Des cellules sont également actives dans la province d'Idleb (nord-ouest).

Mais, avec les attentats de Soueida, le groupe jihadiste a montré qu'il conservait une capacité à frapper fort.

- Drapeau syrien près du Golan occupé -

Le dernier revers important subi par l'EI était à Yarmouk, le camp de réfugiés palestiniens à Damas dont il avait été délogé par le régime en mai. Les derniers jihadistes qui se trouvaient à Yarmouk ont ??été transportés vers des zones désertiques, dont l'une est située aux limites de la province de Soueida.

Selon des médias à Soueida, certains des jihadistes tués mercredi avaient des papiers indiquant qu'ils étaient de Yarmouk.

La province de Soueida est voisine de celles de Qouneitra et de Deraa, que le régime a repris à plus de 90% ces dernières semaines à la faveur d'offensives et d'accords par lesquels les rebelles ont rendu les armes ou évacué leurs fiefs.

Jeudi, dans une nouvelle victoire, les forces du régime ont hissé le drapeau national sur un point de passage à la lisière du Golan occupé par Israël, dans la province de Qouneitra, quatre ans après avoir perdu le contrôle de ce secteur.

Dans l'ouest de la province de Deraa, le régime pourchasse les jihadistes dans leur dernier réduit selon l'OSDH.

Grâce à l'intervention militaire russe dans la guerre depuis 2015, le régime syrien a réussi à engranger des victoires et a repris plus de 60% du territoire.

Plus de 350.000 personnes ont été tuées depuis 2011 dans ce conflit qui s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes sur un territoire morcelé.

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