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La retraite du président de la Chambre, un coup dur pour les républicains

Le plus puissant républicain du Congrès américain, le président de la Chambre des représentants Paul Ryan, a ajouté à l'impression de confusion aux commandes des Etats-Unis en annonçant mercredi qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat.

Troisième personnage plus important de la politique américaine, cet homme de 48 ans a ce faisant donné le coup d'envoi informel à une course au pouvoir au sein du parti républicain, à quelques mois des élections cruciales de novembre.

"Cette année sera ma dernière en tant que membre de la Chambre", a déclaré lors d'une conférence de presse M. Ryan, qui la préside depuis 2015. "C'est un emploi qui ne dure pas éternellement".

Il avait accepté avec réticence de se présenter à ce poste après le départ de John Boehner, à la condition qu'il puisse rentrer auprès de sa famille tous les week-ends. Cette fonction requiert de nombreux déplacements dans tout le pays.

Il a dit mercredi s'être inquiété que ses trois enfants adolescents ne le voient quasiment plus s'il restait au Congrès, tout en affirmant ne pas regretter d'avoir accepté ces responsabilités.

"Après plus de vingt ans à la Chambre, le président est fier de ce qui a été accompli et il souhaite consacrer plus de son temps" à sa famille, avait affirmé plus tôt dans un communiqué Brendan Buck, conseiller de M. Ryan.

Paul Ryan "servira jusqu'à la fin de son mandat et prendra ensuite sa retraite en janvier", avait-il précisé.

- "Un homme bien" -

Des spéculations concernant son départ avaient circulé à plusieurs reprises ces derniers mois car il n'a jamais pleinement adhéré à la vision politique du président Donald Trump, élu sur une plateforme nationaliste et populiste sous l'étiquette républicaine.

En début d'année, il avait même dû démentir des rumeurs de démission face à leur ampleur. Il avait néanmoins indiqué qu'il discuterait de son avenir plus tard dans l'année avec son épouse.

M. Ryan, élu du Wisconsin (nord des Etats-Unis), a assuré mercredi que sa décision de quitter la Chambre n'était pas liée au tumulte à la Maison Blanche.

Le président Trump a rendu hommage sur Twitter à un "homme vraiment bon" qui "laissera un héritage politique que personne ne peut discuter. Nous sommes avec toi Paul".

Paul Ryan, qui était colistier de Mitt Romney lors de sa candidature à la présidence des Etats-Unis en 2012, n'a donné aucune indication concernant d'éventuelles ambitions politiques.

Il a insisté sur le fait qu'il était convaincu de "laisser cette majorité entre de bonnes mains avec un avenir très brillant".

Sauf que, pour l'heure, son successeur aux commandes de la Chambre n'est pas connu et que l'annonce de sa retraite intervient à un moment difficile pour l'administration Trump, qui a subi démissions et limogeages avec une première année au pouvoir marquée par maintes convulsions politiques.

Et le parti républicain fait face à une échéance électorale importante dans environ six mois.

Majoritaire dans les deux chambres du Congrès, le Grand Old Party (GOP) n'en est pas moins profondément déchiré entre conservateurs et modérés, au point qu'il est considéré aujourd'hui comme ingouvernable.

Le départ annoncé de Paul Ryan va sans aucun doute donner lieu à une intense bataille de succession dans son camp tandis que l'opposition démocrate va tenter de reprendre la Chambre, ce que des experts considèrent comme de plus en plus possible.

Kevin McCarthy, chef de la majorité de la Chambre des représentants, semble à ce stade être le favori pour devenir "House Speaker" si les républicains conservent leur mainmise à l'issue du scrutin du 6 novembre.

"C'est un jour triste pour moi à titre personnel et pour notre groupe", a-t-il réagi, soulignant qu'"il y a davantage de travail à faire cette année".

Mais avec un parti désuni, il devrait avoir de la concurrence. A commencer par le numéro trois du parti, le conservateur de Louisiane Steve Scalise, qui aurait fait part en coulisses de son intérêt. Selon lui, Paul Ryan a dirigé la Chambre "avec grande dignité".

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