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La Russie offre une nouvelle victoire à Bachar al-Assad en Syrie: les rebelles quittent un bastion très important

Les insurgés de l'ultime ville rebelle de la Ghouta orientale ont remis leurs armes lourdes et leur chef a quitté le secteur, marquant une importante victoire du régime avec la fin de l'une de ses plus sanglantes offensives en sept ans de conflit en Syrie.

Les combattants du groupe Jaich al-Islam et leurs familles continuent de quitter par milliers la ville de Douma, où le 7 avril une attaque chimique présumée, imputée au régime, a fait selon des secouristes des dizaines de morts et provoqué un tollé international ainsi que des menaces de frappes occidentales.
 
Le président syrien Bachar al-Assad a mis en garde contre toute action occidentale en Syrie qui "déstabiliserait davantage la région".


Une victoire d'Assad offerte par la Russie

C'est grâce principalement à l'aide militaire de la Russie, son allié indéfectible, que M. Assad a multiplié les victoires face aux rebelles et jihadistes. Depuis le début de l'intervention russe fin 2015, le régime, alors en mauvaise posture, a réussi à enchaîner les victoires, reprenant plus de la moitié de la Syrie, ravagée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts.

"Enregistrer une victoire dans la Ghouta est important", a déclaré Bouthaina Chaabane, conseillère de M. Assad, à la télévision Al-Mayadeen basée à Beyrouth. "Cela envoie un message au monde entier que l'armée syrienne et ses alliés peuvent libérer chaque parcelle du territoire syrien".

L'armée russe a d'ailleurs elle-même annoncé à Moscou jeudi qu'un drapeau du gouvernement syrien flottait sur Douma et la reprise de "la totalité de la Ghouta orientale" par le régime.

Le régime a fait en début d'année une priorité de la reconquête des territoires rebelles dans la Ghouta orientale, d'où les insurgés tiraient des obus sur Damas. Le 18 février, il a lancé une offensive aérienne, puis terrestre, d'une rare violence contre l'enclave rebelle, provoquant la mort de plus de 1.700 personnes, selon l'OSDH, et des destructions colossales.
 
Alors que la Ghouta est assiégée depuis 2013 par le régime, l'ONU avait par le passé condamné la "privation de nourriture délibérée de civils" utilisée comme tactique de guerre, après la publication de photos "choquantes" d'enfants squelettiques dans la région. Confrontés au déluge de feu du pouvoir, deux groupes rebelles avaient accepté d'évacuer leurs régions avec leurs familles, avant que Jaich al-Islam ne cède lui aussi.

Selon les militaires russes, plus de 160.000 personnes ont quitté la Ghouta.

C'est l'attaque chimique qui nous a poussés à accepter

Ce dernier n'a pas encore annoncé publiquement la reconquête de Douma, la dernière ville rebelle dans la Ghouta orientale qui échappait à son contrôle. Mais les rebelles, soumis pendant des semaines à un déluge de feu du régime, ne semblent plus en mesure de combattre. Le groupe Jaich al-Islam a finalement accepté un accord d'évacuation parrainé par Moscou, semblable aux initiatives qui ont déjà obligé d'autres factions à quitter la Ghouta.

"Les combattants de Jaich al-Islam ont remis leurs armes lourdes à la police militaire russe à Douma mercredi", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "La plupart des hauts gradés de Jaich al-Islam, y compris leur chef Issam Bouwaydani, ont quitté Douma" pour se rendre vers des territoires rebelles dans le nord syrien, a-t-il précisé.
 
Selon Yasser Delwane, un responsable de Jaich al-Islam, "c'est l'attaque chimique qui nous a poussés à accepter" une évacuation. "Tous les dirigeants ne sont pas partis. Les départs se poursuivent".


Mort, destruction, évacuation

"Aujourd'hui (jeudi) un événement important pour l'histoire de la Syrie a eu lieu: le drapeau syrien a été hissé sur un bâtiment de Douma, ce qui marque la prise de contrôle de cette localité et par conséquent de la Ghouta orientale dans sa totalité", a dit le général russe Iouri Evtouchenko, cité par les agences à Moscou.

La télévision russe a montré des images de foule agitant dans la rue de grands drapeaux rouge blanc noir aux deux étoiles vertes et l'un de ces drapeaux accroché sur la façade d'un immeuble délabré.

D'après des habitants de Douma, le drapeau syrien a été hissé mercredi sur la principale mosquée mais une dispute a éclaté, des balles ont été tirées et le drapeau a été retiré. Des membres de la police militaire russe sont également partis après l'incident. Il n'était pas clair si ce drapeau était le même que celui mentionné par l'armée russe.

Jeudi, combattants et civils se préparaient à quitter Douma pour rejoindre le nord syrien et 80 bus devaient à terme quitter la périphérie de Damas, selon une source militaire au passage Al-Wafidine, où se déroulent les préparatifs. Une trentaine de bus ont déjà été affrétés, selon la même source.

Selon l'armée, la police militaire russe a commencé son déploiement à Douma, où "elle constitue un garant du respect de l'ordre".

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