Accueil Actu

La Turquie commence à remplir un barrage controversé, selon des activistes

Les autorités turques ont commencé à remplir un barrage construit sur le Tigre dont le lac artificiel engloutira des trésors archéologiques et qui préoccupe l'Irak irrigué en aval par le fleuve, ont affirmé vendredi des activistes.

"Ils ont fermé les vannes, l'eau est en train de monter", a déclaré à l'AFP Ridvan Ayhan, porte-parole d'un groupe de militants opposés au barrage hydroélectrique d'Ilisu, situé dans le sud-est de la Turquie.

Selon lui, des images satellites prises entre le 19 et le 29 juillet montrent que l'eau est en train de s'accumuler en amont du barrage.

Ilisu est une pièce centrale du Projet d'Anatolie du Sud-Est (GAP), un plan d'aménagement du territoire visant à doper l'économie de cette région longtemps négligée en s'appuyant sur l'énergie et l'irrigation.

Mais des habitants et des défenseurs de l'environnement s'inquiètent de son impact sur l'écosystème et sur le patrimoine de la région. Le lac artificiel doit notamment engloutir la ville de Hasankeyf, vieille de quelque 12.000 ans.

Le gouvernement rejette toute critique, arguant que la plupart des monuments de Hasankeyf ont été mis à l'abri et qu'une nouvelle ville a été construite à proximité pour reloger les quelque 3.000 habitants de la cité historique surplombée par une citadelle romaine.

"Nous demandons aux autorités de vider le barrage. Aucune annonce n'a été faite, ils ne disent rien aux habitants, c'est très inquiétant", déplore M. Ayhan, selon qui il faudra "plusieurs mois" avant que l'eau ne submerge Hasankeyf.

Un autre collectif d'activistes opposé à Ilisu, la Coordination de Hasankeyf, a également rapporté jeudi que le niveau de l'eau montait depuis deux semaines.

Contactée par l'AFP, la Gestion des eaux (DSI), organisme gouvernemental responsable des barrages en Turquie, n'a pas répondu.

La construction du barrage d'Ilisu revêt en outre une dimension géopolitique, faisant l'objet de délicates négociations entre la Turquie et l'Irak, situé en aval.

Bagdad redoute que l'entrée en fonction du barrage ne réduise le débit du Tigre, alors que l'Irak fait déjà face à des pénuries d'eau récurrentes.

À lire aussi

Sélectionné pour vous