Accueil Actu

Lacrim a encore une sombre faim de rap

"Avant, je ne me nourrissais pas, je n’étais pas bien dans ma tête (...) Aujourd'hui, j’ai plus faim que jamais", lance le rocailleux rappeur Lacrim dans un entretien à l'AFP, alors que son troisième album éponyme sort vendredi.

Le rappeur de 33 ans dit avoir "tout recalculé" et s'être "mis sur de bons rails". Il raconte avoir passé plusieurs mois "seul", notamment aux Etats-Unis où il a enregistré une partie de ce double album appelé sobrement "Lacrim".

A sa sortie de prison il y a deux ans, le rappeur reconnaît qu'il aurait "pu filer un mauvais coton". "Je restais à Paris avec l’entourage avec lequel j’ai grandi. C’est pour ça que je ne veux plus venir en France, je ne veux penser qu’à ma musique et à ma vie", explique celui qui réside en ce moment aux Pays-Bas, mais prépare une tournée de dix dates en octobre qui passera par le Zénith de Paris.

Dans son album, l'artiste français d'origine algérienne multiplie les styles musicaux mais puise toujours dans la grammaire du crime organisé, du genre "hardcore" qu'il a contribué à faire exploser dans le rap français: trafics nocturnes, prostituées, représailles, 357 Magnum en avant. Il s'inspire de ses jeunes années de délinquant, y ajoutant la morgue des films de gangsters.

"De 11 à 15 ans je devais réfléchir comme un mec de 20 ans, à 16 ans j’étais en prison: je n’ai pas eu d’adolescence. Il y a plein de choses que j’ai ratées", explique Karim Zenoud alias Lacrim, originaire de Chevilly-Larue (Val-de-Marne). "Il faut juste que je ne les rate pas dans le futur".

Dans le morceau "Viens je t’emmène", en 2011, il signait un pacte avec le diable qui lui soufflait: "tu ne seras rien ici si tu hésites". Ce clip a marqué le début de son ascension mais l'a aussi fait retourner en prison. Le fusil qu'il y brandissait a été retrouvé dans la cache de malfaiteurs corso-marseillais quelques années après. Les t-shirts avec l'inscription "Libérez Lacrim" s'étaient multipliés dans les rues.

- Avec Snoop Dog -

Depuis, Lacrim est distribué par Universal et a connu un gros succès, qui s'étend à l'international. Sur ce double album, le rappeur s'entoure d'un bataillon de grands noms américains: Snoop Dogg, Rick Ross, French Montana et le jeune 6ix9ine. La superstar du raï Cheb Mami le rejoint aussi sur une chanson d'amour.

Dans le tube misanthrope "Solo", ("t'as retourné toutes tes vestes alors que je t’ai tout donné"), il creuse le mélange rap-reggaeton, déjà expérimenté en 2015 en duo avec le Portoricain Yandel.

Le rappeur se met aussi à nu dans "Adijda", où il raconte "le coup de coeur de sa vie" avec une petite fille de 9 ans au Bangladesh, dans le cadre d'un documentaire sur la situation des Rohingyas. "Et en même temps il y a un paradoxe avec mes enfants que je ne vois plus trop", reconnaît le rappeur, père d'un fils et d'une fille dont il n'a pas la garde.

S'il est souvent hors de l'Hexagone, Lacrim se dit cependant être "tout à fait d’accord" avec les "gilets jaunes".

"S’ils m’avaient brûlé ma voiture, je me serais énervé, mais j'aurais fait partie des dommages collatéraux. Le plus important pour moi c’est que le président sente que la France se réveille, que ce n’est pas une bande d’endormis", lance le rappeur.

"Tous les jours, les mecs touchent un salaire de 1.200 euros, ils paient un loyer de 800 euros. Tu es fou ou quoi? Je ne dis pas que c’est bien de casser, mais quoi qu’il arrive c’est une façon de s’exprimer, même si ce n'est pas la meilleure".

À lire aussi

Sélectionné pour vous