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Le Bélarus durcit sa législation contre les manifestants et l'"extrémisme"

(Belga) Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a signé une loi qui renforce les sanctions envers les manifestants participant à des rassemblements non autorisés et les peines prévues pour "extrémisme", ont annoncé les autorités mardi.

Cette nouvelle législation est mise en place alors que le régime bélarusse poursuit une répression implacable contre le mouvement de protestation historique de 2020 contestant la réélection de M. Loukachenko, qui s'est traduit par l'emprisonnement ou l'exil forcé de centaines de partisans de l'opposition et de journalistes. Un manifestant sanctionné pour avoir participé à plus de deux rassemblements non autorisés risquera désormais jusqu'à trois ans de prison en cas de récidive, selon cette réforme publiée mardi sur le portail juridique officiel. De nouvelles peines sont également introduites pour lutter contre "l'extrémisme". La "participation" à des "activités extrémistes" ou leur "promotion" seront passibles de six ans de prison. Une personne accusée de "financement" de telles activités risquera cinq ans d'emprisonnement. Le média indépendant Tut.by souligne que la définition "d'extrémisme" dans ces cas est "large" et ne permet pas de savoir de quelles activités il est exactement question. En Russie, les accusations "d'extrémisme" sont utilisées pour poursuivre tant des organisations d'opposition, comme celle du militant anticorruption Alexeï Navalny, que des groupes ultranationalistes ou des mouvements religieux. La nouvelle législation bélarusse prévoit aussi jusqu'à sept ans de prison pour "violences ou menace d'usage de la violence" à l'encontre des forces de l'ordre, contre six auparavant, et trois ans pour "résistance" à la police.  Ces derniers mois, plusieurs manifestants ont été condamnés à de lourdes peines pour ce type de délits.  Un nouvel article du Code pénal est également ajouté contre la publication d'informations "personnelles" sur les membres des forces de l'ordre ou leurs proches. Il prévoit jusqu'à cinq ans de prison, alors que seules des courtes peines d'emprisonnement étaient prévues jusqu'alors. En 2020, l'opposition avait publié à plusieurs reprises les identités de policiers anti-émeutes, systématiquement cagoulés et impliqués dans la violente répression des manifestations. Enfin, la publication d'informations jugées "fausses" sur le Bélarus, notamment sur internet, pourra désormais être punie de quatre ans de prison, contre deux auparavant. Fin mai, une nouvelle loi a déjà interdit aux journalistes de couvrir les manifestations jugées "illégales". Pour dénoncer la répression, les capitales occidentales ont sanctionné de hauts responsables bélarusses et Alexandre Loukachenko, qui s'est rapproché de son allié russe. Les Occidentaux ont annoncé fin mai de nouvelles sanctions en réponse à l'arrestation du journaliste d'opposition Roman Protassevitch et de son amie russe Sofia Sapega, interpellés après l'interception de leur avion de ligne survolant le Bélarus. Une délégation de l'Union européenne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Suisse et du Japon a rencontré mardi le ministre bélarusse des Affaires étrangères, Vladimir Makeï. Dans un communiqué commun, les diplomates ont dénoncé le renforcement de la répression contre la société civile et appelé à la fin des poursuites et des traitements inhumains contre les militants du "mouvement pro-démocratie". (Belga)

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