Accueil Actu

Le braqueur Redoine Faïd décrit au JDD sa "vie de paria" à l'isolement carcéral

"On est emmuré vivant": le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd, détenu dans l'une des prisons les plus sécurisées de France depuis son arrestation en octobre 2018 après une spectaculaire évasion et trois mois de cavale, raconte son quotidien "morbide" à l'isolement auprès du Journal du dimanche.

L'hebdomadaire explique avoir rencontré jeudi Redoine Faïd, 47 ans, l'un des détenus les plus surveillés de France, au parloir de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), derrière une "vitre de plexiglas".

Son avocate, Yasmina Belmokhtar, a confirmé à l'AFP "qu'il a rencontré une journaliste du JDD au parloir". Elle a également confirmé qu'elle saisira prochainement le tribunal administratif de Lille pour contester ses conditions de détention.

Redoine Faïd, qui s'était évadé en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018, avait été arrêté trois mois plus tard dans l'Oise et incarcéré à l'isolement dans ce centre pénitentiaire aux allures de forteresse, ouvert en 2015.

A l'isolement, "on est emmuré vivant", décrit le braqueur au JDD. "On ne voit personne. On ne touche personne, au sens propre et au figuré. C'est l'exclusion totale : une vie de paria, de rebut de la société", "il n'y a aucune activité, pas de travail ni d'atelier informatique", "on survit hors du temps".

Se défendant d'être une "victime", il affirme que "certains" surveillants "refusent les promenades ou le sport" quand d'autres le "mettent excessivement à poil" pour le fouiller même s'il "ne croise personne", et "regardent à plusieurs (ses) parties intimes". Il décrit aussi les "menottes à chaque déplacement".

"C'est un enfermement mortuaire et morbide. Toute la barbarie pénitentiaire est concentrée dans cette structure carcérale hyper criminogène. C'est fait pour écraser ton âme", commente le caïd. Avant son évasion en hélicoptère, aidé par un commando armé qui avait auparavant pris en otage le pilote, il s'était déjà évadé en 2013 de la prison de Lille-Sequedin en prenant quatre surveillants en otage.

Il s'"impose une discipline en acier", "regarde Franceinfo", dit avoir reçu "moins de dix visites" de sa famille en un an.

"En arrivant ici, j'ai passé quatre-vingts jours de mitard, à ma demande. La vraie liberté est de choisir qui tu veux être. Ils tapent sur moi parce que j'ai repris ma liberté", assure-t-il.

"Je n'ai pas de problèmes avec la société, la police ou la justice", assure encore le médiatique braqueur qui, en 2010, n'hésitait pas à se présenter comme repenti en faisant la promotion de son livre à la télévision.

Son entretien a vivement fait réagir l’UISP-FO des Hauts-de-France, estimant dans un communiqué que les surveillants sont "accusés à tort et lynchés sur la place publique par un criminel, aidé par un journal et un magistrat".

Il "tente même de nous refaire le coup du +détenu modèle+! Heureusement, nous n'avons pas l'intention de tomber dans le piège. De plus, il ne peut s'empêcher de calomnier le personnel", renchérit la section locale du syndicat.

Redoine Faïd, condamné à 25 ans de réclusion pour son rôle d'"organisateur" dans un braquage raté en 2010 qui avait coûté la vie à une policière municipale, doit être rejugé en 2020 pour le braquage d'un fourgon blindé.

Il risque très gros pour son évasion de Réau. "Ils peuvent me mettre un siècle s'ils veulent, je l'accepte. Parce que j'assume ce que je fais (...). Je ne changerai jamais", conclut-il.

À lire aussi

Sélectionné pour vous