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Le candidat de Trump fait craindre une politisation du renseignement américain

La décision de Donald Trump de choisir un élu fidèle mais peu expérimenté pour superviser le renseignement américain fait craindre une politisation d'importantes décisions de sécurité nationale.

"John Ratcliffe est un homme bien. C'est une personne formidable", a assuré mardi le président américain, deux jours après avoir annoncé le choix du représentant républicain John Ratcliffe, 53 ans, pour remplacer Dan Coats en tant que directeur du renseignement national, un poste qui coordonne les activités de la CIA, de la NSA et des 15 autres services de renseignement américains.

M. Coats quittera ses fonctions le 15 août après deux ans à ce poste, pendant lesquels M. Trump a fréquemment ignoré son avis, l'a tenu à l'écart de certains dossiers, notamment les relations avec la Russie.

Son départ n'est pas une surprise, mais il suscite l'inquiétude.

"Je suis gravement préoccupé quand il apparaît que le président recherche quelqu'un qui sera politiquement loyal plutôt qu'une voix indépendante qui défende la communauté du renseignement", a réagi le sénateur démocrate John Warner.

Les républicains se sont montrés prudents, certains soulignant que, malgré son manque d'expérience dans le domaine du renseignement, il pourrait avoir de meilleures relations avec M. Trump que Dan Coats.

"Je ne connais pas John, mais j'ai hâte de faire sa connaissance", a déclaré le sénateur Richard Burr, président de la commission du renseignement du Sénat, qui doit approuver cette nomination.

- Dévoué à Trump -

Au cours de son mandat, M. Coats a régulièrement été en désaccord avec M. Trump sur des sujets de première importance. M. Ratcliffe, en revanche, s'est fait connaître à la Chambre des représentants pour son dévouement envers Donald Trump.

Il est apparu fréquemment sur la chaîne conservatrice Fox News pour critiquer l'enquête du procureur spécial Robert Mueller et déclarer qu'il n'avait "pas vu de preuve" qu'une ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016 ait contribué à la victoire de M. Trump.

Cette opinion, totalement contraire à celle des services de renseignement américains, pourrait créer des tensions au sein d'une communauté du renseignement qui a toujours eu des relations difficiles avec le président.

M. Trump a souvent critiqué les agences américaines de renseignement, affirmant être victime d'attaques d'une supposée "résistance intérieure criminelle". Il a aussi ignoré les informations des services de renseignement sur la Corée du Nord et l'Iran.

Le rôle du directeur du renseignement national est d'établir des priorités parmi les menaces auxquelles le pays est confronté. Tous ceux qui ont occupé ce poste jusque-là ont été d'anciens diplomates versés dans les questions de sécurité nationale, des militaires à la retraite, des anciens responsables du Pentagone ou des directeurs d'agences de renseignement.

Par comparaison, avant son élection à la Chambre des représentants en 2015, M. Ratcliffe a été maire d'une banlieue aisée de Dallas, au Texas, et procureur fédéral pendant tout juste un an, en 2007.

Son entourage au Congrès a affirmé que durant cette période, il avait dirigé les poursuites dans d'importantes affaires de terrorisme, mais aucune trace de son implication dans ce genre d'affaires n'a été trouvée dans les archives judiciaires.

Si sa nomination est confirmée par le Sénat, "M. Ratcliffe sera le premier directeur du renseignement national sans expérience dans le renseignement ou la diplomatie", a noté un ancien directeur adjoint de la CIA, John McLaughlin.

Les démocrates ont déjà annoncé qu'ils s'opposeraient à cette nomination.

"M. Ratcliffe est l'individu le plus politisé, le moins qualifié jamais choisi comme directeur du renseignement national", a déclaré le sénateur démocrate Ron Wyden, qui siège à la commission du renseignement du Sénat.

"Confirmer sa nomination équivaudrait à endosser la tendance de cette administration à politiser nos agences de renseignement", a-t-il ajouté. "Nous sommes dans une période pleine de dangers et les Etats-Unis ont besoin des personnes les plus qualifiées et les plus objectives possibles pour diriger nos agences de renseignement".

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