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Le carême, temps de pénitence... et de conférences avant Pâques

Des causeries radiodiffusées pour s'adresser différemment à la société: les catholiques mais aussi les protestants profitent du temps de préparation à la fête de Pâques pour donner des "conférences de carême" devant l'autel ou un micro, "bible en main".

Le carême, qui a commencé mercredi - dit des cendres -, dure quarante jours sans compter les dimanches, en mémoire du temps passé dans le désert par le Christ, selon les Evangiles.

C'est une période de "conversion" consacrée à la prière, au jeûne et au partage avant Pâques, fête majeure du calendrier chrétien.

"C'est un temps de préparation à la joie de la Résurrection. Un temps de recueillement où l'on tient à distance tout ce qui nous distrait habituellement pour essayer de se tourner vers l'essentiel", explique à l'AFP Mgr Eric de Moulins Beaufort.

Pour cet évêque auxiliaire de Paris, par extension, le temps du carême peut consister non seulement à "se préparer spirituellement dans sa foi, mais aussi à réfléchir aux enjeux de notre vie humaine", en profitant des "lumières" de la "sagesse chrétienne".

C'est ce que propose le diocèse de Paris à la cathédrale Notre-Dame, qui accueille des "conférences de carême" les six dimanches qui précèdent Pâques. Et cela dure depuis 1835: cette année-là, sur une idée de Frédéric Ozanam, figure de l'Eglise engagée sur le front social, l'archevêché invite l'abbé Lacordaire, précurseur du catholicisme libéral, à se prêter à un exercice rompant avec la forme du sermon dominical.

"L'idée d'Ozanam et de Lacordaire était de s'adresser à la bourgeoisie cultivée, qui n'était pas forcément très fervente", rappelle Mgr de Moulins Beaufort. Des conférences - le concept est nouveau à l'époque - délivrées "dans un format assez court et avec une éloquence aussi efficace que possible".

Un millier de "conférences de carême" ont résonné depuis dans l'édifice. Depuis 2005, ces rendez-vous confrontent la foi chrétienne et la pensée contemporaine sur des sujets de société. A partir de dimanche, Fabrice Hadjadj, philosophe catholique en vue, dissertera de la culture comme "défi pour l'évangélisation", en parlant intelligence artificielle, agriculture, travail manuel et... "sexes".

- "Temps suspendu" -

La prise de parole, à 16h30, dure quarante-cinq minutes. La cathédrale est sans doute moins pleine qu'au XIXe siècle, et tous les spectateurs ne restent pas pour le temps de prière, les vêpres et la messe qui suivent. L'Eglise peut toutefois compter sur la retransmission des conférences sur France Culture, en plus des chaînes catholiques (la télévision KTO, les ondes de Radio Notre-Dame et RCF), pour toucher un public sécularisé.

Mais il y a de la concurrence sur France Culture le dimanche après-midi: juste avant celles de Notre-Dame, à 16h, la radio publique diffuse les "conférences de carême" protestantes, confiées cette année à Laurent Schlumberger.

Si les héritiers de la Réforme n'observent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, le carême est aussi pour eux "un temps suspendu, un peu à part, et une occasion de réflexion", explique ce pasteur de la communion luthéro-réformée.

Les conférences protestantes, qui fêtent leurs 90 ans, explorent en 2018 le culte de la "mobilité" d'une époque flattant moins la stabilité.

"J'essaye de m'interroger sur le pourquoi de cette évolution, bible en main, et dans la Bible on voit que les mobilités sont partout, d'Abraham à Jésus en passant par Moïse et le peuple d'Israël, qui a connu l'exode et l'exil", indique le pasteur Schlumberger.

Va-t-il donner des prédications en chaire comme au temple? Non, de vraies conférences radiophoniques, mais "avec une dimension biblique assez forte, notre marque de fabrique".

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