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Le chef de la diplomatie américaine en tournée au Moyen-Orient pour rassurer ses alliés

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a débuté mardi à Amman une tournée au Moyen-Orient visant notamment à rassurer sur l'implication des Etats-Unis en Syrie, après l'annonce surprise d'un retrait de leurs troupes de ce pays.

Outre la Jordanie, le responsable américain doit se rendre en Egypte, à Bahreïn, à Abou Dhabi, au Qatar, en Arabie saoudite, à Oman et au Koweït, selon le département d'Etat. La Maison Blanche avait également fait savoir qu'il irait à Bagdad, mais cette étape n'a pas été confirmée.

Dans l'avion qui l'emmenait en Jordanie, M. Pompéo a déclaré aux journalistes qu'il voulait montrer que "les Etats-Unis sont toujours impliqués dans toutes les missions dans lesquelles ils se sont engagés ces deux dernières années".

Le président américain Donald Trump a annoncé à la surprise générale, avant Noël, le retrait des soldats américains déployés en Syrie pour combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI). Sa décision a pris de court les alliés des Américains, que Washington tente maintenant à la fois de rassurer et de prier de prendre le relais sur le terrain après son départ.

- Contre-attaques de l'EI -

Le gouvernement américain a multiplié récemment les messages pour gommer l'impression initiale de départ précipité donnée par le locataire de la Maison Blanche.

Voulant conforter l'idée que les Etats-Unis restaient encore bel et bien actifs en Syrie, un porte-parole du Pentagone, le commandant Sean Robertson, a indiqué lundi à l'AFP que les forces de la coalition antijihadistes, dirigée par Washington, continuent de fournir une assistance aux "partenaires syriens, avec un soutien aérien et des frappes d'artillerie dans la vallée de l'Euphrate".

La coalition assiste les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de milices arabo-kurdes, dans son offensive contre l'EI dans cette région frontalière avec l'Irak.

Preuve que l'EI n'est pas encore vaincu dans se secteur, son ultime bastion en Syrie, les jihadistes y ont lancé récemment des contre attaques contre les FDS, faisant plus de 30 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Pour rassurer les combattants kurdes, M. Pompeo a dit lundi que la Turquie avait promis de les protéger. Ces propos semblent cependant contredire les menaces répétées de M. Erdogan qui a encore dit mardi que la Turquie était déterminée à "neutraliser les groupes "terroristes", en allusion notamment aux Unités de protection du Peuple (YPG), épine dorsale des FDS.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, a entamé mardi des entretiens en Turquie axés sur le retrait américain sur lequel Ankara entend obtenir des détails.

- Pas de calendrier -

Pour rassurer les alliés occidentaux engagés dans la coalition antijihadiste, le département d'Etat garantit désormais qu'il n'y a "pas de calendrier" pour le retrait militaire, qui sera "extrêmement coordonné" afin de ne "pas laisser de vides que les terroristes pourraient exploiter".

Pour rassurer enfin les alliés régionaux, Israël en tête, qui ont comme ennemi commun l'Iran, ce responsable a confirmé que "le retrait de Syrie de toutes les forces sous commandement iranien" demeurait parmi les "objectifs" de Washington, mais par "d'autres moyens" que la simple présence militaire américaine, selon un responsable de la diplomatie américaine.

L'administration Trump cherche à promouvoir le concept d'un Otan arabe ("Middle East Strategic Alliance") pour contrer l'influence de l'Iran dans la région.

"C'est une coalition qui comprend que les plus grandes menaces -- le terrorisme et la République islamique d'Iran -- sont des choses sur lesquelles on devrait travailler conjointement et pour lesquelles nous rassemblerons toutes les ressources", a dit M. Pompeo dans l'avion.

Fait rare, Mike Pompeo se rendra au cours d'un même voyage dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en proie aux divisions entre le Qatar et ses voisins arabes, pour les appeler à cette unité contre l'Iran.

Au menu des discussions à Abou Dhabi, Ryad, Mascate et Koweït, également la guerre au Yémen où un cessez-le-feu est entré en vigueur dans le port de Hodeida (ouest) après des discussions de paix saluées par les Etats-Unis.

L'administration Trump est sous la pression du Sénat américain qui a voté en décembre une résolution pour que Washington cesse de soutenir militairement au Yémen la coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles Houthis appuyés par l'Iran.

Les sénateurs américains sont particulièrement remontés contre Ryad depuis l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, début octobre dans le consulat d'Arabie à Istanbul. Ils ont adopté une autre résolution, par consentement unanime, accusant le puissant prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d'être "responsable du meurtre", alors même que l'administration Trump a fait savoir qu'elle entendait quoi qu'il en soit préserver l'alliance avec le royaume.

Mike Pompeo, qui s'était affiché tout sourire auprès du prince au plus fort de l'affaire Khashoggi, va "continuer à faire pression" sur les responsables saoudiens, a dit un troisième responsable du département d'Etat. Selon ce diplomate, les "récits" des autorités saoudiennes sur le meurtre n'ont "pas encore atteint le seuil de crédibilité et responsabilité nécessaires".

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