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Le chef de la rébellion hutu rwandaise et son adjoint arrêtés en Allemagne

Le chef de la rébellion hutu rwandaise des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) Ignace Murwanashyaka, recherché par Interpol à la demande de Kigali, et son adjoint Straton Musoni ont été arrêtés mardi en Allemagne, soupçonnés de crimes de guerre et contre l'humanité.

M. Murwanashyaka, 46 ans, dirige les FDLR depuis 2001 mais est réfugié depuis de longues années dans le sud-ouest de l'Allemagne, une région où vit également M. Musoni, 48 ans.

Ils sont soupçonnés d'avoir coordonné des exactions commises entre janvier 2008 et juillet 2009 par les FDLR, qui regroupent quelque 5.000 rebelles hutu rwandais installés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), région frontalière du Rwanda.

Ce coup porté aux FDLR survient alors que ce mouvement politico-militaire est l'objet d'une pression diplomatique et militaire croissante dans le cadre du processus de Nairobi, lancé en novembre 2007 par la RDC et le Rwanda.

Ce processus, qui a le soutien de l'ONU, de l'Union européenne (UE) et des Etats-Unis, vise le désarmement de gré ou de force de ces rebelles, puis leur rapatriement. Dans ce cadre, l'ONU encourageait vivement l'Allemagne à agir.

"L'ONU et la communauté internationale ont compris qu'il ne pourraient pas arrêter ce qui se passe en RDC sans s'occuper de ceux (du FDLR) qui sont en Europe", a déclaré à l'AFP à Kigali un responsable rwandais.

Selon le communiqué du parquet fédéral, Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni sont "fortement soupçonnés d'être passibles de sanctions pénales pour crime(s) contre l'humanité et crime(s) de guerre", et Murwanashyaka, également d'avoir "dirigé une organisation terroriste".

Depuis l'Allemagne, ce dernier aurait assumé avec Musoni, son adjoint depuis 2005, le commandement des FDLR, "milices paramilitaires impliquées dans les guerres civiles au Rwanda et en République démocratique du Congo", selon le parquet.

Ces milices sont "soupçonnées d'avoir tué plusieurs centaines de civils entre janvier 2008 et juillet 2009, d'avoir violé un grand nombre de femmes, d'avoir pillé et incendié de nombreux villages, d'avoir déporté en partie leurs habitants et d'avoir recruté de force de nombreux enfants soldats", toujours selon le parquet.

Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, basé à Paris, a salué l'arrestation de ces hommes qui "vivaient depuis longtemps en toute impunité en Allemagne". "L'idéal", selon lui, serait leur extradition vers le Rwanda, et à défaut, un jugement en Allemagne.

M. Murwanashyaka, visé depuis novembre 2005 par des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies (gel de ses avoirs, interdiction de voyager...), avait déjà été arrêté puis relâché en 2006 en Allemagne.

Un rapport d'experts de l'ONU publié en mai évoque son implication directe depuis février 2009 dans la coordination des opérations des FDLR.

Le parquet fédéral allemand a expliqué avoir enquêté activement depuis plus d'un an sur les deux suspects et demandé leur arrestation au vu "des éléments de preuve qui se sont accumulés".

Les FDLR ont été créées en 2001. Kigali accuse certains de ses membres d'avoir pris part au génocide de 1994, qui a surtout visé la minorité tutsi du Rwanda et fait près de 800.000 morts selon l'ONU. La dernière tentative sérieuse du mouvement pour renverser le régime de Kigali, en 2001, s'était soldée par un cuisant échec.

L'an dernier, Berlin et Kigali s'étaient livrés à un bras de fer après l'arrestation en Allemagne d'une proche du président rwandais Paul Kagame, Rose Kabuye, sous le coup d'un mandat d'arrêt international délivré en 2006 par la France. Elle avait été transférée à Paris.

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