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Le Pakistan s'oriente vers une normalisation de la vie politique

Le Pakistan, après avoir fixé samedi soir au 25 juillet prochain la date des prochaines élections législatives, mettant fin à un interminable suspense, s'oriente vers une normalisation de sa vie politique.

C'est la première fois dans l'histoire pakistanaise, marquée par de nombreux coups d'Etat militaires, que deux gouvernements civils successifs achèvent une législature complète.

Le Pakistan "se dirige vers une normalisation politique" et la "transition pacifique d'une assemblée constitutionnellement élue à une autre, entamée en 2013, se poursuit", affirme l'universitaire Riffat Hussain à l'AFP. "Aucune complication du processus électoral" n'est à redouter "à part une catastrophe majeure", poursuit-il.

"Les élections vont se dérouler à la bonne heure et le calendrier est bon", se réjouit l'éditorialiste Sohail Warraich.

Les favoris du scrutin sont le parti au pouvoir, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), fondée par l'ex-Premier ministre Nawaz Sharif, et le Tehreek-e-Insaf - ou PTI, qui signifie " Mouvement pour la justice au Pakistan" -, conduit par l'ancien champion de cricket Imran Khan.

Il est toutefois impossible de prédire à moins de deux mois du vote qui va l'emporter. "Une chose est claire, c'est que le nombre de sièges du PTI (à l'assemblée nationale, NDLR) va s'accroître et que les sièges du PML-N vont diminuer", commente l'analyste Hasan Askari, interrogé par l'AFP. "Mais dans quelle proportion, on ne peut pas le dire."

Quelques heures après l'annonce de la date du scrutin, communiquée samedi soir par le gouvernement sur son compte Twitter et confirmée à l'AFP par un porte-parole du bureau du président Mamnoon Hussain, le PTI annonçait sur Twitter "l'aube d'un nouveau Pakistan, qui ne sera pas gouverné par la corruption".

"Arrêtez-nous si vous pouvez", lançait ce parti, dont le leader Imran Khan a fait de la lutte contre la prévarication l'un de ses principaux combats. Il promet également d'investir dans l'éducation et la santé.

Dimanche, le PTI a également appelé dans un communiqué à des élections "libres, justes et transparentes".

- Chute de l'insécurité -

Le PML-N, qui n'a plus que quelques jours à passer au pouvoir, avant d'être remplacé par un exécutif intérimaire, qui gèrera les affaires courantes jusqu'au scrutin, est crédité d'un bilan positif.

Sous la houlette du chef du parti Nawaz Sharif puis de son successeur à la tête de l'exécutif Shahid Khaqan Abbasi, la situation sécuritaire s'est très nettement améliorée. Le nombre de morts violentes a ainsi chuté de 70% en deux ans, tombant à quelque 2.000 victimes en 2017 contre près de 6.600 deux ans plus tôt, selon le CRSS, un centre de recherche pakistanais.

La grave crise énergétique que connaissait le pays, avec ses coupures d'électricité récurrentes, a été en grande partie résorbée. Récemment, un nouvel aéroport international a été inauguré à Islamabad. De multiples routes ont également vu le jour.

Les cadres du PML-N affirment régulièrement que le parti a "tenu ses promesses".

"Ce n'est que le deuxième parlement à terminer son mandat. Nous avons hâte d'aller devant le peuple pour qu'il donne son verdict sur nos performances", déclarait samedi soir à l'AFP le ministre des Finances Miftah Ismail.

Mais le PML-N est aussi affaibli par de nombreux coups durs.

En juillet dernier, la Cour suprême avait mis fin prématurément au troisième mandat de Nawaz Sharif à la tête du gouvernement, après des révélations sur de luxueux biens immobiliers détenus par sa famille via des holdings off-shore.

Pour la quinzième fois en 70 ans du Pakistan, gouverné par l'armée près de la moitié de son histoire, un Premier ministre ne parvenait pas au terme de son mandat.

La justice a ensuite interdit M. Sharif de diriger le PML-N, puis de participer à tout scrutin à vie.

Son clan nie toute malversation. Il suggère que Nawaz Sharif est victime d'une conspiration ourdie par la puissante armée pakistanaise, dont il est un ennemi juré.

Fin avril, le ministre des Affaires étrangères Khawaja Asif a également été destitué pour violation des règles électorales. Quelques semaines plus tard, un homme tirait sur le ministre de l'Intérieur Ahsan Iqbal à la fin d'un meeting. M. Iqal se remet depuis lors de ses blessures.

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