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Le Pentagone veut que ses soldats soient plus prudents avec le sport connecté

Le Pentagone a vite réagi lundi après la publication d'une carte dévoilant les bases et les déplacements de ses soldats en zone de guerre et a promis de passer en revue les procédures.

Cette carte, créée par une application pour téléphone mobile de Strava Labs, montre le mouvement de ses usagers dans le monde entier. S'il peut être rassurant pour un joggeur ou une cycliste de laisser des proches connaître sa route, il en va un peu différemment pour des militaires basés en Irak, en Afghanistan voire en Syrie.

"Nous allons jeter un oeil sur notre règlement en la matière pour être certain de notre sécurité opérationnelle et de la protection de nos forces", a expliqué le colonel Rob Manning, porte-parole du Pentagone.

"La publication récente de données souligne le besoin d'être conscient de son environnement", a souligné le colonel. Un euphémisme pour dire que les militaires déployés dans des zones de conflit ou sur des bases plus ou moins secrètes devraient faire preuve de plus de prudence.

L'usage de smartphones, de bracelets connectés mesurant les performances sportives mais aussi des réseaux sociaux ont compliqué la tâche des responsables de la sécurité des forces armées, qui mettent régulièrement en garde les militaires --et leurs familles-- contre le partage d'informations sensibles sur des plateformes non protégées.

Pour on observateur averti, les réseaux sociaux en particulier sont une aubaine pour collecter des informations sur la localisation des troupes, l'endroit où vivent leur familles, des informations gênantes ou intimes, etc... De manière générale, la recommandation aux militaires est d'utiliser les réglages permettant le maximum de discrétion, a souligné le porte-parole du Pentagone.

- Les Français aussi -

Une préoccupation de toutes les forces de défense dans le monde. En février de l'année dernière, la Délégation à l'information et à la communication de la Défense française avait publié la deuxième mouture de son "Guide du bon usage des réseaux sociaux". Les têtes de chapitre trahissent la crainte d'une brèche: "vous êtes une cible", "vous pouvez mettre en péril la sécurité de l’Institution et de ses opérations"...Et les 28 pages de ce manuel distillent les conseils pratiques pour les militaires et leurs familles.

S'ils l'ont lu, certains soldats de l'opération "Barkhane" dans le Sahel ne l'ont pas appliqué. Leurs déplacements sont clairement visibles sur la carte développée par Strava Labs grâce au système de géolocalisation de l'application.

Cette carte montre les déplacements des utilisateurs de l'application autour du monde, et indique également l'intensité desdits déplacements sur un parcours donné, formant une "visualisation en direct du réseau mondial des athlètes de Strava", selon les développeurs de l'outil. Il peut aussi "visualiser" les routes empruntées le plus souvent par les patrouilles ou le périmètre précis d'une base.

Tobias Schneider, un spécialiste de la sécurité qui fait partie du groupe qui a découvert que des bases militaires pouvaient être repérées grâce à la carte, remarque que des sites militaires en Syrie ainsi que la base française de Madama, dans le nord du Niger, sont indiqués.

"En Syrie, les bases de la coalition (des Etats-Unis) sont de vrais phares dans la nuit. Quelques points lumineux au dessus de positions russes connues, pas de signes notables pour les bases iraniennes", décrit Schneider sur son compte Twitter.

Dans un communiqué, Strava a rappelé qu'il est facile de ne pas se retrouver sur sa carte mondiale d'activités.

"Les activités étant marquées comme privées et celles comprises dans les zones de confidentialité définies par les utilisateurs" sont exclues de la carte, a rappelé l'entreprise.

Les experts militaires soulignent aussi que les données publiées sur la carte datent pour les plus récentes de la fin 2017 et sont donc plus difficilement exploitables par un ennemi potentiel.

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