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Le porte-avions, un outil de puissance qui a de l'avenir

"Coûteux", "vulnérable", "obsolète" face aux nouvelles menaces..: régulièrement critiqué, le porte-avions continue de séduire, si l'on en croit le nombre d'Etats soucieux d'investir dans cet outil de puissance militaire et diplomatique.

"L'avis de décès du porte-avions ne cesse d'être écrit et réécrit, mais il refuse obstinément de mourir", bien que "certains le jugent obsolète ou le qualifient d'+aimant à missiles de croisière+", souligne Richard Bitzinger, expert à la Rajaratnam School of international studies (RSIS) de Singapour.

"Au cours des prochaines décennies, il faut s'attendre à ce que leur nombre augmente, tout comme le nombre de pays en possédant dans la zone Asie-Pacifique", alors que les espaces maritimes suscitent des convoitises grandissantes et deviennent le lieu privilégié des postures de force, fait-il valoir dans une récente note.

Le deuxième porte-avions chinois -- le premier construit de façon indépendante par Pékin -- a entamé dimanche ses tout premiers essais en mer, selon la presse d'Etat.

"Aujourd'hui, toutes les puissances qui comptent ou qui veulent compter sont équipées de porte-avions ou aspirent à s'en équiper", souligne l'amiral français en retraite Alain Coldefy, directeur de la Revue de défense nationale, "d'autant plus que les Etats cherchent à s'approprier de plus en plus d'espaces jusqu'ici libres".

Sur le plan opérationnel, un porte-avions et le groupe aéronaval qui l'entoure offrent une projection de puissance en toute liberté, permettant d'asséner "le premier coup de poing", selon l'amiral.

Il est également un outil politique de poids, qui permet d'envoyer des signaux diplomatiques forts et d'agir sans dépendre du bon vouloir d'un Etat. "Il n'existe pas de signe plus visible de la puissance stratégique d'une nation", estime le "pacha" du porte-avions USS Bush, le capitaine de vaisseau américain Sean Bailey.

Les Etats-Unis possèdent onze porte-avions, leur permettant d'assurer une permanence en mer d'un groupe aéronaval dans n'importe quel coin du globe. Pour conserver sa suprématie, la Marine américaine a investi dans une nouvelle catégorie de "super-porte-avions" de 100.000 tonnes capable d'embarquer 90 chasseurs et drones. Le premier d'entre eux, le USS Ford, a coûté 14 milliards de dollars.

- expansionnisme chinois -

La France, seul pays avec les Etats-Unis à être équipé d'un porte-avions à propulsion nucléaire et à catapulte, doit prochainement lancer des études pour préparer son remplacement d'ici 2040.

La Russie, déjà équipée d'un bâtiment qu'elle n'a pas manqué de déployer au large de la Syrie l'an dernier, prévoit d'ores et déjà d'en fabriquer un autre.

La Grande-Bretagne, elle, a choisi de construire deux porte-avions pour appareils à décollage vertical, dont le premier est déjà opérationnel.

Deux autres pays européens, l'Italie et l'Espagne, possèdent chacun un petit porte-aéronefs.

L'Asie n'est pas en reste. L'Inde devrait compter trois porte-avions d'ici dix ans. Pékin, qui affiche des ambitions expansionnistes en Mer de Chine méridionale et veut accroître son assise dans le Pacifique, ne dispose pour l'heure que d'un seul porte-avions opérationnel, fabriqué par l'ex-URSS.

Mais le géant asiatique s'est pour la première fois lancé dans la construction d'un autre bâtiment équipé d'une rampe de lancement en tremplin.

Et les spéculations vont bon train sur la possible construction par la Chine d'un troisième porte-avions à catapulte, qui permettrait à ses chasseurs d'embarquer davantage de missiles et d'effectuer des missions plus longues.

Toutefois, les puissances maritimes occidentales sont bien déterminées à contrer les prétentions territoriales chinoises dans des espaces censés être ouverts à tous.

Washington et Paris ont déjà réagi en envoyant croiser des navires de guerre en mer de Chine méridionale. Armé de nouveaux porte-avions, Londres a promis de faire de même.

"L'une des premières choses que nous ferons avec nos deux nouveaux porte-avions colossaux (...) sera de les envoyer dans cette région pour y proclamer notre attachement à la liberté de navigation sur ces routes maritimes, vitales pour le commerce mondial", prévenait en juillet 2017 le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.

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