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Syrie: pression internationale pour un cessez-le-feu dans un fief rebelle pilonné

La pression internationale en faveur d'un cessez-le-feu montait face aux intenses bombardements par les forces syriennes d'un fief rebelle près de Damas, décrit par l'ONU comme un "enfer sur terre" où 320 personnes dont 76 enfants ont été tués depuis dimanche.

Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait voter, probablement jeudi, sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie pour permettre l'accès à la Ghouta orientale, selon la Suède qui a rédigé une proposition de texte en ce sens avec le Koweit.

On ignorait toutefois si la Russie, qui a réclamé la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le sujet, entend faire usage de son droit de veto. Des diplomates ont dit espérer une simple abstention de Moscou sur le sujet.

Le texte ne s'appliquerait pas à la lutte contre les groupes jihadistes Etat islamique et Al-Qaïda. Il permettrait ainsi au gouvernement syrien de poursuivre ses attaques notamment dans la province d'Idleb, selon des diplomates.

Devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a demandé un arrêt "immédiat" des combats dans cette région, où il a dénoncé un "enfer sur Terre", pour permettre d'acheminer une aide humanitaire.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé mercredi un accès à la zone où les bombardements ont encore fait mercredi 50 morts, dont huit enfants, selon un dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les équipes de secours ont découvert dans la nuit huit corps de civils dont quatre enfants, tous de la même famille, dans la ville d'Hazeh, selon cette source.

Cette nouvelle campagne aérienne, la plus dévastatrice contre cette région depuis le début de la guerre, a été lancée dimanche, en prélude à une offensive terrestre du régime, selon un journal proche du pouvoir de Bachar al-Assad.

Elle a coûté la vie à plus de 320 civils, dont 76 enfants, selon un dernier bilan de l'OSDH. Au moins 45 femmes ont été tuées et plus de 1.650 personnes blessées.

Les destructions sont énormes dans cette vaste région, dont les quelque 400.000 habitants sont soumis à un siège asphyxiant du régime depuis 2013, avec des cas de malnutrition et de personnes affamées.

"Nos équipes doivent être autorisées à se rendre dans la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés", a déclaré dans un communiqué Marianne Gasser, représentante du CICR en Syrie.

Les équipes médicales "sont incapables de faire face à ce grand nombre de blessés et il n'y a pas dans la région suffisamment de médicaments et de matériel médical", selon Mme Gasser.

Les raids ont ciblé plusieurs localités, principalement Hammouriyé et Kfar Batna. Outre des bombes, les avions ont largué des barils d'explosifs.

- 'Creuser sa tombe' -

Plusieurs hôpitaux ont été touchés par les frappes.

"Le régime prétend viser des groupes armés (...) mais en vérité il ne vise que les civils !", s'est insurgé Ahmed Abdelghani, un médecin qui travaille dans les hôpitaux de Hammouriyé et Arbine qui ont été bombardés.

"Ici, c'est un hôpital civil (...) Pourquoi le régime nous vise-il ?", a-t-il ajouté.

"Nous tentons d'évacuer des dizaines de blessés et de les transférer vers d'autres hôpitaux mais nous n'avons pas encore pu sortir en raison de l'intensité des bombardements", a indiqué à l'AFP Bakr Abou Ibrahim, un médecin de l'hôpital de Saqba, touché lundi et mercredi par des raids.

"Nous nous cachons dans des cimetières. C'est comme si on creusait notre tombe avant même de mourir", raconte de son côté Amal al-Wouhaibi, une habitante de Douma.

L'OSDH a affirmé, tout comme que le groupe islamiste Jaich al-Islam, l'une des deux formations rebelles dans la région, que l'aviation de la Russie, alliée du régime, avait participé mercredi aux raids. Moscou a démenti.

Selon le quotidien syrien Al-Watan, les frappes "sont un prélude à une opération d'envergure (terrestre), laquelle peut commencer à tout moment".

Le régime cherche à reprendre la Ghouta orientale, d'où les rebelles tirent des obus sur la capitale. Dix-huit personnes ont ainsi été blessées mercredi à Damas par des tirs d'obus, selon l'agence officielle Sana.

Avant la Ghouta orientale, dernier bastion contrôlé par les insurgés près de Damas, plusieurs zones rebelles, comme la vieille ville de Homs en 2012 ou Alep en 2016, ont été écrasées par des bombardements et un siège étouffant pour forcer les combattants anti-régime à déposer les armes et les civils à fuir.

- Impuissance -

Déclenché le 15 mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts. Après avoir d'abord opposé les rebelles au régime, il s'est complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.

Avec l'intervention de la Russie en 2015, le régime Assad, qui était en mauvaise posture, a réussi à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.

Les frappes du régime sur la Ghouta ont repris malgré les protestations de la communauté internationale, nouvelle démonstration de son impuissance sur le conflit.

Sur un autre front, les forces prorégime ont acheminé d'autres combattants dans la région d'Afrine (nord-ouest) pour venir en aide à une milice kurde syrienne (YPG, Unités de protection du peuple) cible depuis un mois d'une offensive militaire de la Turquie voisine.

La Turquie a affirmé qu'elle considérait comme une "cible légitime" tout groupe qui viendrait en aide aux YPG, une "organisation terroriste" selon elle.

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