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Syrie: les forces du régime encerclent un poste militaire turc près d'Idleb

Les forces du régime syrien ont encerclé vendredi un poste d'observation de l'armée turque près de la province d'Idleb, à la faveur d'une offensive contre les jihadistes et les rebelles qui accentue les tensions dans le nord-ouest de la Syrie en guerre.

Après près de quatre mois de bombardements quasi quotidiens contre Idleb et des zones dominées par les jihadistes dans les provinces voisines, le régime, soutenu par Moscou, a lancé le 8 août une offensive au sol.

Vendredi, les prorégime ont repris plusieurs localités du nord de la province de Hama, dont celles de Kafr Zita et Morek, où l'armée turque dispose d'un poste d'observation, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et l'agence officielle Sana.

"Les forces du régime se sont déployées à Morek (...) sans s'en prendre au poste d'observation", a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Mais il est "encerclé", et pour les soldats turcs, la seule issue possible est de passer par des secteurs tenus par le régime, selon lui.

Selon l'Observatoire, les prorégime sont déployés à seulement près de 200 mètres du poste dont dispose la Turquie, frontalière de la province syrienne d'Idleb et soutient des groupes rebelles dans la région.

- "Nous ne partons pas" -

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a confirmé que les forces prorégime étaient non loin du poste mais il a affirmé que son pays ne l'abandonnerait pas, soulignant que la question était discutée avec l'Iran et la Russie, deux alliés de Damas.

"Les forces du régime mènent des activités autour de notre poste d'observation", a indiqué le ministre lors d'un déplacement au Liban. Mais "nous ne voulons pas en partir".

L'OSDH a fait état de raids aériens menés vendredi par le régime et l'armée russe sur de nombreuses localités du sud de la province d'Idleb.

La Turquie, intervenue en Syrie contre les Kurdes et des jihadistes, déploie depuis près de deux ans des forces sur 12 postes d'observation dans les provinces d'Idleb et de Hama.

Abritant quelque trois millions d'habitants, la province d'Idleb et des secteurs adjacents sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).

Des groupes rebelles moins puissants sont également présents dans cette région qui échappe au contrôle du régime.

Les bombardements des forces du régime et ceux de l'armée russe y ont tué 900 civils, selon l'OSDH. Et plus de 400.000 personnes ont fui, d'après l'ONU.

La région d'Idleb était censée être protégée par un accord sur une "zone démilitarisée", dévoilé en septembre 2018 par la Turquie et la Russie pour séparer les zones gouvernementales des territoires jihadistes et insurgés.

Mais cet accord n'a été que partiellement appliqué. Moscou dénonce la présence des jihadistes alors qu'Ankara craint de voir Idleb plonger dans un chaos généralisé, qui risquerait de provoquer un nouvel afflux de réfugiés vers sa frontière.

- "Infrastructures stratégiques" -

La Syrie sera au coeur d'un sommet le 16 septembre à Ankara entre les présidents de Russie, d'Iran et de Turquie, les trois pays qui jouent un rôle de premier plan dans le conflit.

En attendant, la présidence turque a annoncé que le Recep Tayyip Erdogan se rendrait mardi à Moscou pour y rencontrer son homologue Vladimir Poutine.

La progression du régime dans le sud d'Idleb semble suivre le tracé d'une autoroute reliant Damas à la grande ville d'Alep dans le nord, deux métropoles tenues par le pouvoir.

La ville de Khan Cheikhoun, reprise mercredi se trouve sur cette route, ainsi que Maaret al-Noomane, située un peu plus au nord et qui a été la cible de raids nocturnes du régime ayant tué trois civils, selon l'OSDH.

"Assad pourrait continuer son offensive alors qu'il a le vent en poupe, pour capturer plus de (territoires) à Idleb (...) et sécuriser des infrastructures stratégiques", a dit à l'AFP Samuel Ramani, analyste versé sur la question syrienne.

Avec l'appui de Moscou, de l'Iran et du Hezbollah libanais, le régime a réussi à reprendre près de 60% du territoire.

Le haut commandement de l'armée syrienne a souligné vendredi sa détermination à "purifier" tout le pays du "terrorisme", dans un communiqué lu à la télévision publique.

Déclenchée en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie, qui s'est complexifiée avec l'implication de plusieurs acteurs, a fait plus de 370.000 morts.

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