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Le ski alpinisme grimpe vers les sommets olympiques

A l'autre bout du monde se jouent les XXIIIes Jeux olympiques d'hiver. Au même moment, dans les Alpes françaises, une centaine d'adeptes d'une discipline au côté sauvage très marqué, le ski alpinisme, bataillent en Coupe du monde avec en tête une entrée aux JO. Mais à quel prix ?

"Le ski alpinisme, c'est la découverte de la montagne. C'est aller en montagne hors piste. C'est aussi un voyage dans la montagne", défend auprès de l'AFP le phénomène de la montagne Kilian Jornet alors qu'il participe à la 4e étape de Coupe du monde à Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes).

Jadis une façon de se déplacer l'hiver dans la montagne, la pratique s'est étendue aux loisirs avec le ski de randonnée avant de s'ouvrir à la performance avec une course devenue légendaire, la Pierra Menta (plus de 10.000 m de dénivelé positif cumulé à gravir).

Il faut monter des pentes à l'aide de peau de phoques collées sous les skis (des bandes synthétiques qui permettent de glisser vers l'avant), descendre en hors piste et faire des trajets à pieds, skis dans le sac à dos, quand la pente est trop raide ou qu'il s'agit d'une arête.

La pratique sportive s'est structurée avec des Championnats du monde et d'Europe et un circuit de Coupes du monde. Au programme des courses individuelles, des verticales, du sprint, des relais. L'épreuve phare reste de loin la course individuelle, de préférence la plus longue possible.

- 'Pas mon rêve' -

"Il faut voir quelle discipline sera aux Jeux olympiques", s'interroge Jornet. "Pour moi, le ski alpinisme ce sont des courses comme ici (à Puy-Saint-Vincent), des courses de 3000 m. Après, le sprint et la verticale, ce sont des super belles courses d'entraînement mais ce n'est pas du ski alpinisme. Ce serait dommage qu'on nomme quelque chose ski alpinisme qui n'est pas du ski alpinisme."

Il n'est pas envisageable que les courses longues entrent aux JO car trop compliquées à organiser en termes de sécurité et de rendu visuel pour le public.

"La verticale peut être une bonne épreuve pour les Jeux, le sprint et le relais aussi. Mais on ne peut pas imaginer que le modèle olympique soit celui de la Pierra Menta", prévient le président de la Fédération internationale (ISFM), l'Italien Armando Mariotta.

Et c'est bien là où le bât blesse pour beaucoup d'athlètes, à l'instar de Jornet, même si l'Espagnol a un avis partagé alors qu'il estime que les JO sont indispensables pour faire grandir un sport.

Pour Axelle Mollaret, qui a signé deux belles victoires à Puy-Saint-Vincent, "les Jeux ne sont vraiment pas mon rêve".

"J'ai l'impression que depuis que le ski alpinisme se tourne vers les Jeux, on fait de moins belles courses, on s'oriente sur des choses courtes et ce n'est pas ce que j'aime. Et si, pour pouvoir aller aux Jeux, il faut abandonner les vraies courses, ça ne m'intéresse pas", affirme-t-elle.

- Convaincre la Chine -

L'Italien Robert Antonioli, vainqueur à Puy-Saint-Vincent sur la course individuelle, lui est emballé.

"J'espère que ça deviendra olympique parce que le ski alpinisme le mérite, c'est un sport fantastique. Les Jeux, c'est le top, c'est un monde qui s'ouvre à nous. Il faudra trouver un compromis, comme l'a fait le cyclisme. Ils ne sont pas entrés au Jeux avec le Tour de France ou le Tour d'Italie mais avec une course", dit-il.

Le champion italien espère que ce sera chose faite en 2022 à Pékin. Ce n'est pas pour rien qu'en décembre s'est tenue une Coupe du monde à Pékin et que Armando Mariotta fait les yeux doux aux Chinois. "Avec le nouveau système du CIO, il faut que la Chine demande un nouveau sport. C'est pour ça que je vais en Chine en mars pour les convaincre de proposer le ski alpinisme", confesse le président de l'ISFM.

Plus gros palmarès de l'histoire de la discipline avec 17 médailles d'or mondiales, Laetitia Roux se pose beaucoup de questions.

"Les Jeux, c'est ce qui m'a fait vibrer quand j'étais gamine mais il y a des choses qui perdent du sens. A la base, les Jeux, c'est mettre le sport en lumière et aujourd'hui l'économique et le politique ont pris le dessus", déplore la championne, choquée de voir que la Coupe du monde à Pékin s'est déroulée sur une piste faite de neige artificielle.

"C'est aberrant de donner des Jeux à un endroit où il n'y a pas de neige naturelle. Ca me dépasse. Les Jeux, j'aimerais bien mais pas à tout prix".

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