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Le sommet de l'Asean débute avec un plaidoyer sur l'ouverture du marché régional

Les dirigeants de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont plaidé pour l'ouverture du marché régional samedi à Bangkok, en prélude à leur sommet annuel où un gigantesque traité de libre-échange Asie-Pacifique, promu par Pékin, sera au centre des discussions.

La Chine, en pleine guerre commerciale avec Washington, tente de renforcer son influence dans la région et est en première ligne pour défendre cet accord, baptisé Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son sigle anglais).

S'il était entériné, il créerait le plus vaste espace de libre-échange au monde, réunissant près de la moitié de la population mondiale et plus de 30% du Produit intérieur brut de la planète.

Il faut "donner la priorité à la coopération régionale", avec pour objectif "une grande connectivité" entre nos pays, a lancé Prayut Chan-O-Cha, le Premier ministre thaïlandais.

"Nous devons utiliser pleinement notre force et notre force réside dans notre marché", a renchéri son homologue malaisien Mahathir Mohamad.

Le sommet réunit de samedi à lundi dans la capitale thaïlandaise les 10 pays d'Asie du Sud-Est (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei).

Le président sud-coréen Moon Jae-In, les Premiers ministres chinois Li Keqiang, russe Dmitri Medvedev, et japonais, Shinzo Abe, ont également fait le déplacement.

Donald Trump est le grand absent de la rencontre, se contentant de se faire représenter par son secrétaire au Commerce Wilbur Ross et son conseiller à la sécurité nationale Robert O'Brien.

En laissant le terrain libre à Pékin dans la région, Washington "rate une occasion" de rester dans le jeu, estime Thitinan Pongsudhirak, de l'Université Chulalongkorn de Bangkok.

Profitant du vide laissé, la Chine va tout tenter pendant ses trois jours pour faire avancer le RCEP.

Lancé en 2012, mais peinant à se matérialiser, le projet réunit les 10 membres de l'Asean ainsi que la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Il exclut en revanche les États-Unis et sonnerait, s'il était entériné, comme un désaveu envers la politique de Donald Trump et sa vision unilatérale du commerce international.

Pour Pékin, la signature du RCEP est cruciale. Engagée dans un conflit commercial féroce avec Washington qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliards de dollars en exportations, l'économie chinoise a besoin d'un nouveau souffle.

- réticences de l'Inde -

L'Asean et ses potentiels partenaires se sont donnés jusqu'à la fin de l'année pour enfin trouver un accord sur le RCEP.

Mais l'Inde se montrait encore réticente vendredi, inquiète de l'arrivée massive sur son sol de produits bon marché fabriqués en Chine. Elle critique aussi la vision unilatérale de Pékin, faisant douter d'une réelle avancée des négociations lors du sommet de Bangkok.

"Nous voulons que (l'Inde ) soit présente. C'est une grande économie. Nous avons commencé ensemble (les négociations, NDLR), et nous devons donc les finir ensemble", a estimé samedi le secrétaire au Commerce et à l'Industrie des Philippines, Ramon Lopez.

L'Australie et la Nouvelle-Zélande exigent, de leur côté, des garanties en matière de protection du travail et de l'environnement.

Deux autres sujets brûlants pourraient être discutés au sommet de l'Asean: les tensions en mer de Chine méridionale et le rapatriement en Birmanie de centaines de milliers de musulmans rohingyas qui ont fui en 2017 au Bangladesh et ont peur d'être persécutés s'ils rentrent chez eux.

Aung San Suu Kyi, chef de facto du gouvernement birman, très critiquée pour son silence dans la crise des Rohingyas, s'est exprimée samedi sans aborder la question.

Le football s'invite aussi au sommet, la FIFA et l’Asean ayant annoncé la signature samedi d'un protocole d’accord pour promouvoir une meilleure coopération dans la région où ce sport suscite un engouement très important.

Quelque 17.000 policiers et membres des forces de sécurité ont été déployés à Bangkok pour cette rencontre qui s'est ouverte sans incident.

Des militants de Greenpeace ont déployé une banderole dans la capitale, appelant les pays de la région, qui comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète, à lutter contre la prolifération des déchets plastiques.

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