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Le sous-marin revient en force dans les flottes mondiales

Indétectable dans les profondeurs marines, il guette ses proies pour les espionner ou les frapper avec ses torpilles ou ses missiles: un peu oublié après la fin de la guerre froide, le sous-marin d'attaque revient en force dans les flottes mondiales.

En Asie, en Russie ou aux États-Unis, les forces armées appuient sur l'accélérateur pour se doter d'une arme dont l'atout maître est la discrétion.

"Les États se rendent compte" que les navires de surface et les avions sont "de plus en plus" vulnérables face aux missiles et radars sophistiqués de leurs adversaires, explique Bryan Clark, expert dans un centre de recherche américain sur les programmes d'armement, le CSBA (Center for strategic and budgetary assessment).

"Ils essaient donc de développer des capacités sous-marines" pour conserver la possibilité de s'approcher de leurs adversaires et les attaquer, explique-t-il.

La tendance est particulièrement nette en Asie, aiguillonnée par le réveil militaire de la Chine.

Pékin s'est doté de capacités de défense maritime et anti-aérienne extrêmement sophistiquées, visant à interdire toute approche de ses côtes à des porte-avions ou navires ennemis.

Et la Chine a aussi mis les bouchées doubles pour développer une flotte de sous-marins d'attaque, disposant aujourd'hui d'une cinquantaine d'engins diesel et de cinq sous-marins nucléaires d'attaque.

L'Australie a signé cette année un contrat d'achat de 12 sous-marins, version non-nucléaire du modèle français Barracuda.

Le Vietnam a acheté six sous-marins à la Russie. Le Japon, l'Inde, l'Indonésie et la Malaisie développent également leurs capacités en la matière.

De leur côté, les Américains s'inquiètent de leurs insuffisances.

En mars dernier, l'amiral Harry Harris, qui commande la zone Pacifique, a expliqué au Congrès que seules 60% de ses demandes de sous-marins d'attaque pouvaient être satisfaites, la Marine n'en ayant pas assez de disponibles.

Constat identique pour le général Philip Breedlove, qui commandait la zone Europe, confronté lui au grand retour des sous-marins russes, choyés par le président Vladimir Poutine.

- Frapper des objectifs à terre -

En temps de paix, les sous-marins d'attaque servent essentiellement à collecter du renseignement sur les flottes adverses, mais aussi sur ce qui se passe à terre. Les Américains les utilisent ainsi pour surveiller la Corée du Nord, la Chine ou la Russie.

En temps de guerre, les sous-marins peuvent attaquer les flottes ennemies. Et ceux équipés de missiles de croisière peuvent s'approcher des côtes pour frapper des objectifs à terre.

Cas d'école, rappelle l'expert Jerry Hendrix, du cercle de réflexion Center for New American Security: l'offensive de la coalition internationale contre le colonel Kadhafi en 2011, entamée par le tir de 90 missiles Tomahawk par le sous-marin américain USS Floride, pour annihiler les défenses anti-aériennes libyennes.

Le tir par la Russie en décembre de missiles de croisière Kalibr sur la Syrie, depuis un sous-marin à propulsion classique évoluant en Méditerranée, constitue un autre exemple plus récent.

Consciente des enjeux, la Marine américaine envisage de remédier au déclin de sa flotte de sous-marins nucléaires. D'une centaine encore dans les années 1980, celle-ci compte aujourd'hui 53 bâtiments et n'en aura plus qu'une quarantaine en 2029 si rien n'est fait.

La Marine américaine envisage donc de continuer à construire deux sous-marins nucléaires d'attaque par an, alors qu'elle avait prévu de passer à un seulement à partir de 2021.

Et elle innove pour garder sa suprématie technologique sur ses adversaires.

- Petit porte-avions -

A partir de 2019, elle équipera ses sous-marins nucléaires actuels, de type Virginia, d'un nouveau module leur permettant de lancer des drones sous-marins, appelés à l'avenir à jouer un rôle crucial dans la guerre sous-marine.

"Les sous-marins vont devenir plus comme de petits porte-avions, équipés d'une variété de missiles et de drones sous-marins", explique Bryan Clark.

Ces drones pourraient mener des missions de reconnaissance et d'attaque, s'approchant au plus près des côtes ennemies et submergeant les défenses de l'adversaire.

La Marine américaine a réussi l'année dernière des tests de lancement et de récupération de drone par un sous-marin.

"La plupart des drones que la Marine expérimente actuellement sont de la taille d'une torpille, et ont une autonomie d'une journée maximum", ajoute M. Clark.

Mais la Marine travaille sur de futurs engins sous-marins autonomes plus longs et plus larges, d'une autonomie d'un mois.

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