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Le Timor oriental célèbre les 20 ans du référendum qui lui a donné l'indépendance

Le Timor oriental célèbre vendredi le vingtième anniversaire du référendum qui a permis à cette petite nation lusophone d'Asie du Sud-Est de mettre fin à l'occupation indonésienne mais les massacres qui ont précédé son indépendance hantent toujours les mémoires.

Des drapeaux et des bannières ont été déployés dans la capitale Dili, où la population a participé à des parades et à des danses traditionnelles pour célébrer la transition du pays vers une démocratie indépendante.

Mais les proches des victimes des violences meurtrières qui ont suivi la victoire du oui au référendum de 1999 attendent toujours que justice soit faite.

"L'armée et les milices indonésiennes ont tué ceux qui ont permis l'indépendance de cette nation", a souligné Vital Bere Saldanha, 48 ans, qui a vu quatre de ses frères mourir dans le chaos qui a suivi le référendum.

"La lutte pour la liberté n'a pas été remportée facilement", observe-t-il, interrogé par l'AFP.

Le 30 août 1999, près de 80% des électeurs du Timor oriental ont voté en faveur de la séparation avec l'Indonésie, qui avait envahi l'ancienne colonie portugaise en 1975. L'occupation militaire par l'Indonésie pendant 24 ans avait été sanglante et avait décimé plus du quart de la population.

- terreur post-référendum -

La joie qui a suivi le vote en 1999 s'était vite transformée en terreur quand les forces de sécurité indonésiennes, assistées de milices, ont lancé une vague de violences qui a causé quelque 1.400 morts et fait fuir des centaine de milliers de résidents.

Le Timor, situé au nord de l'Australie, qui compte aujourd'hui quelque 1,3 million d'habitants, majoritairement catholiques, n'a finalement accédé à l'indépendance qu'en 2002.

Les célébrations vendredi du 20ème anniversaire du référendum coïncident avec la visite de responsables étrangers dont le Premier ministre australien Scott Morrison.

Les deux pays ont conclu un traité mettant fin à un litige sur leur frontières maritimes, qui devrait débloquer des milliards de dollars de revenus pétroliers et gaziers pour la petite nation pauvre.

Canberra a aussi promis de payer pour moderniser une base militaire et un nouveau câble internet sous-mariant reliant les deux pays.

Après des débuts chaotiques, avec une tentative d’assassinat de l'ex-leader et prix Nobel de la Paix Jose Ramos-Horta en 2008, la scène politique du Timor oriental est à présent pacifiée.

Mais la situation économique de l'île reste difficile avec quelque 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, selon les statistiques de la Banque mondiale.

Le pays, doté de très riches réserves d'hydrocarbures offshore, pourrait être tenté de demander de l'aide à la Chine pour les développer, estiment les analystes. Une perspective qui inquiète les pays voisins au vu de l'influence grandissante de Pékin dans la région.

Le Timor oriental et l'Indonésie ont de leur côté voulu tourner la page des violences.

Une commission de réconciliation en 2008 a conclu à de graves violations des droits de l'Homme pendant l'occupation et en 1999, mais les leaders des deux pays n'ont pas engagé de poursuites contre les militaires considérés comme responsables des tueries.

Les efforts de l'ONU pour poursuivre les responsables militaires, dont l'actuel ministre indonésien à la Sécurité Wiranto, pour crimes contre l'humanité, ont dû être abandonnés.

Pour Cancio Dos Santos, qui a perdu son frère dans les violences ayant suivi le référendum, et dont le corps n'a jamais été retrouvé, les célébrations ramènent des souvenirs douloureux. "J'ai été battu et mon frère assassiné", raconte l'homme de 52 ans à l'AFP.

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