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Le vice-président américain intervient dans le débat sur l'avortement

Le vice-président américain Mike Pence est intervenu mardi dans le débat explosif sur l'avortement, appelant la Cour suprême à interdire les IVG "sélectives", basées sur "la race, le sexe ou le handicap" du foetus.

De manière plus immédiate, l'accès aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) est menacé dans le Missouri, où la dernière clinique de l'Etat pratiquant ces interventions pourrait perdre son autorisation d'ici vendredi.

"Cette semaine, le Missouri deviendra le premier Etat à plonger dans le noir, sans centre de soins qui pratique des avortements légaux et sécurisés", a dénoncé dans un communiqué Leana Wen, la présidente de la puissante association Planned Parenthood.

Les autorités sanitaires du Missouri -- où vivent six millions d'habitants -- ont imposé de nouvelles conditions à la clinique de Saint-Louis, dont la licence d'exploitation expire dans trois jours.

Si ses médecins n'acceptent pas de se soumettre "à un interrogatoire inapproprié, à la limite du harcèlement", elle devra arrêter de pratiquer des IVG, assure l'organisation de planning familial qui gère la structure.

Pour empêcher ce scénario, elle a saisi la justice en urgence.

Vendredi, le gouverneur républicain du Missouri Mike Parson avait déjà promulgué une loi interdisant aux femmes d'avorter après la huitième semaine de grossesse. A cette occasion, il s'est réjoui que son Etat ait "atteint le plus bas niveau historique d'avortements, passant de 20.000 à 3.000 IVG par an".

- "Restes humains" -

Les attaques du Missouri s'inscrivent dans une offensive conservatrice généralisée contre le droit à l'avortement aux Etats-Unis.

Galvanisés par le remaniement de la Cour suprême depuis l'élection de Donald Trump, plusieurs Etats conservateurs ont adopté des lois très restrictives sur l'IVG. Ils espèrent que la haute juridiction revienne sur son arrêt historique de 1973, "Roe v. Wade", qui a légalisé l'avortement.

Confronté à un premier test mardi, le temple du droit américain s'est montré très prudent.

L'Indiana lui avait demandé d'examiner deux lois promulguées en 2016 par Mike Pence, alors gouverneur de cet Etat de la région des Grands Lacs, et invalidées par des tribunaux.

Après un long délai de réflexion, la Cour suprême l'a autorisé à rendre obligatoire l'enterrement ou l'incinération des tissus des foetus avortés comme "les autres restes humains".

Mais elle a refusé de se prononcer sur une disposition interdisant aux femmes d'avorter "en raison du sexe, de la race ou d'une malformation de leur foetus, notamment en cas de détection d'une trisomie".

"Nous suivons notre pratique habituelle qui consiste à rejeter les requêtes tant que les points légaux soulevés n'ont pas été étudiés par davantage de cours d'appel", a-t-elle écrit, laissant entendre qu'elle pourrait changer d'avis ultérieurement.

- Boycott de Netflix ? -

Le vice-président, un conservateur qui affiche sa foi chrétienne, a immédiatement souhaité que la Cour suprême "se saisisse" à nouveau de la question.

Mike Pence a exprimé son "espoir que les protections légales contre les discriminations basées sur le sexe, la race ou le handicap soient un jour étendues aux Américains pas encore nés".

"Les pays dans le monde entier interdisent les avortements sélectifs et les Etats-Unis devraient faire de même", a écrit sa porte-parole Alyssa Farah dans un communiqué.

En attendant, l'offensive des Etats du Sud et du Centre des Etats-Unis, s'est poursuivie.

La Louisiane devait à son tour adopter mardi une loi interdisant aux femmes d'avorter dès que les battements de coeur du foetus peuvent être détectés, soit vers la sixième semaine de grossesse.

La Cour suprême a pourtant autorisé les femmes à avorter tant que leur foetus n'est pas viable, soit vers la 24e semaine de grossesse. La justice vient donc d'invalider une loi similaire adoptée dans le Mississippi.

Malgré les menaces de boycott d'Hollywood, l'Etat de Géorgie, où ont lieu de nombreux tournages, a également promulgué une loi basée sur le rythme cardiaque. Si elle devait entrer en vigueur, Netflix pourrait arrêter d'y travailler, a fait savoir mardi un responsable de la plate-forme de vidéo à la demande.

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