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Législatives au Japon: Yuriko Koike attaque Shinzo Abe

C'est par une attaque contre le Premier ministre Shinzo Abe que la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a inauguré mardi l'ouverture officielle de la campagne électorale pour les législatives anticipées du 22 octobre au Japon.

Le chef du gouvernement conservateur Abe, 63 ans, qui a lui-même décidé de convoquer les électeurs dans les bureaux de vote un an avant l'échéance du mandat des députés, est confronté à un défi inattendu de la part de la médiatique Mme Koike.

Cette dernière a créé et pris la tête du Parti de l'Espoir (droite), quelques jours seulement avant la dissolution de la chambre basse du Parlement le 28 septembre. Elle a ainsi bousculé le Parti libéral-démocrate (PLD) de Shinzo Abe et donné le coup de grâce au Parti Démocrate (centre gauche) qui était déjà bien affaibli.

S'adressant mardi matin à des centaines de passants à proximité d'une importante gare de Tokyo, l'ex-présentatrice de TV, âgée de 65 ans, a appelé à "mettre fin à la politique d'Abe", non sans faire allusion aux scandales qui ont récemment touché le Premier ministre et son entourage.

"Les coups d'éclats et les slogans ne dessinent pas le futur. Nous ne devons pas perdre", a répliqué M. Abe lors d'un discours dans la province de Fukushima, sinistrée par le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire du 11 mars 2011.

La campagne de 12 jours, qui ouvre officiellement ce mardi, date limite de dépôt des candidatures, se déroulera autour de plusieurs grands thèmes dont l'économie japonaise, avec un débat sur la pertinence de l'augmentation de la taxe sur la consommation, l'attitude à adopter face à la menace que représente la Corée du Nord, l'arrêt des centrales nucléaires ou encore la réforme de la Constitution japonaise jamais amendée en 70 ans.

M. Abe, revenu au pouvoir fin 2012, a construit sa stratégie sur sa politique de relance économique abenomics, promettant alors d'en finir avec la déflation. Mais près de cinq ans plus tard, les effets bénéfiques espérés restent jugés insuffisants et peu perçus par le grand public.

Il a plaidé mardi pour une amélioration de la protection sociale, proposant de rendre gratuite une partie de la scolarité des tout-petits, espérant s'attirer les voix des parents.

Pour le moment, le Parti libéral-démocrate de M. Abe reste en tête des sondages d'intentions de vote (avec plus de 30% dans les plus récentes enquêtes) suivi par le Parti de l'Espoir (un peu moins de 15%), mais les indécis sont encore très nombreux.

Le reproche le plus couramment adressé à Mme Koike est celui d'un manque de précision dans ses propositions.

Quant aux opposants au gouvernement, ils arguent que si M. Abe a choisi d'en appeler de nouveau aux électeurs sans ouvrir comme prévu la session parlementaire extraordinaire, c'est pour éviter les questions de l'opposition sur les accusations de favoritisme dont il a fait l'objet et qui ont un temps fait chuter la cote de son gouvernement.

Il a profité, pour décider de ces élections, d'un regain de popularité après à un remaniement ministériel et grâce à sa fermeté envers la Corée du Nord.

Pour nombre d'analystes, le scrutin qui doit permettre d'élire 465 députés dans moins de deux semaines risque in fine d'être un référendum pour ou contre M. Abe.

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