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Les clichés de Germaine Tillion dans l'Algérie des années 30 exposés à Orléans

Une quarantaine de photographies de l'héroïne de la Résistance et ethnologue Germaine Tillion, prises lors de ses missions dans le massif de l'Aurès, en Algérie, sont exposées jusqu'au 29 mars à la médiathèque d'Orléans.

En 1934, la jeune femme, élève du sociologue Marcel Mauss, avait été envoyée par le musée d'ethnographie du Trocadéro, futur musée de l'Homme, au pays des Chaouia, une tribu semi-nomade qu'elle suit dans ses déplacements saisonniers, armée de son appareil moyen format Rolleiflex.

De ces missions - il y en aura quatre entre 1934 et 1940 -, elle ramène des objets, des documents et des photos, en prévision d'une thèse dont le manuscrit a été perdu durant sa captivité au camp de Ravensbrück où elle avait été déportée en 1942.

Elle avait toutefois conservé plus d'un millier de négatifs qui ont commencé à être publiés au début des années 2000, peu avant sa disparition, en 2008.

En 2018, ces photos ainsi que celles de sa collègue Thérèse Rivière avec qui elle avait parcouru l'Algérie avaient été présentées dans le cadre d'une exposition à Montpellier, coordonnée par Christian Phéline.

Dans le cadre de son travail d'ethnologue, la scientifique se concentre sur les relations de parenté et de pouvoir et dévoile une société traditionnelle encore quasi intacte, ainsi que ses rapports avec la présence coloniale. Des clichés sans visée artistique et pourtant beaux et touchants, qui captent un sourire, un regard, une rencontre…

Mais l'histoire algérienne de Germaine Tillion, entrée au Panthéon en 2015, ne se limite pas à ces photographies.

Vingt ans après son dernier voyage, elle revient en mission en Algérie, en 1954, pour enquêter sur le sort des populations civiles dans l'Aurès, théâtre des premiers affrontements de la guerre qui s'annonce.

Atterrée par la dégradation des conditions de vie, elle dénonce la "clochardisation du pays", une thèse exposée dans "L'Algérie en 1957", une brochure qui aura un grand retentissement.

Au cabinet du nouveau gouverneur général Jacques Soustelle, elle est aussi à l'origine de la création de centres sociaux pour aider les plus démunis à trouver une place dans la société.

A partir de 1957, elle poursuit le combat, contre les exécutions sommaires et la torture, mais aussi contre les attentats du FLN algérien contre les civils. Elle était notamment entrée en rapport avec le dirigeant du FLN, Yacef Saâdi, pour tenter d'obtenir un arrêt des attentats en contrepartie de celui des exécutions capitales de militants nationalistes.

Revenue à l'ethnologie dans les années soixante, elle attendra 2000 et la publication de "Il était une fois l'ethnographie" pour relater son enquête dans l'Aurès des années 1930.

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