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Les fans de "Star Wars" aussi peuvent avoir leur côté obscur

Au-delà des sabres lasers, de l'espace intersidéral et de la lutte éternelle entre le bien et le mal, les derniers opus de la saga "Star Wars" voulaient aussi diversifier les stars de sa saga galactique, presque toutes masculines et blanches dans ses deux premières trilogies.

"Rogue One", "Le Réveil de la Force", "Solo" ou "Les Derniers Jedi" ont généré des fortunes en donnant à des femmes et des personnes de couleur les rôles principaux de Rey, Finn, ou Jyn Erso, entre autres.

Mais cet élan d'inclusion orchestré par la multinationale Disney, maison mère de Lucasfilm et qui règne donc sur l'empire "Star Wars", a aussi libéré le côté obscur d'une petite portion de fans qui s'opposent de toute leur force aux changements dans leur série de films préférée.

"Ce serait injuste de dire que +Star Wars+ a un problème avec ses fans" mais la saga a clairement "un problème de fans masculins et blancs", écrit la critique de films Kayleigh Donaldson.

Cette frange toxique d'adeptes, parfois racistes et misogynes, ne décolère pas que son univers spatial adoré ne lui soit plus uniquement dédié.

"Les derniers Jedi" est particulièrement dans la ligne de mire, accusé de promouvoir des valeurs politiques progressistes et de détruire la mythologie de la saga vieille de quatre décennies.

Si les stars masculines et blanches Mark Hamill, Adam Driver et Domhnall Gleeson sont épargnés, Kelly Marie Tran, une actrice américaine d'origine vietnamienne, a été l'objet d'attaques au vitriol sur les réseaux sociaux.

Celle qui incarne la mécanicienne rebelle Rose Tico a effacé son compte Instagram plus tôt ce mois-ci pour mettre fin à un véritable cyber-harcèlement raciste et sexiste.

Sur le site de référence "Wookieepedia", encyclopédie consacrée à l'univers Star Wars, un internaute a ainsi modifié sa page, changeant son nom en "Ching Chong Wing Tong" et la décrivant comme "bête, autiste et attardée".

- Sacrilège -

Le réalisateur du film, Rian Johnson, a quant à lui reçu des menaces de mort de ceux qui le croient plus nocif que Dark Vador. Une pétition ayant reçu 10.000 signatures demande qu'il s'excuse, une autre demande le retrait pur et simple des "Derniers Jedi" de l'univers "Star Wars" et a récolté 107.000 signataires.

Le film a été acclamé par les critiques mais son score de 46% d'opinions positives de la part du public recensé sur l'agrégateur Rotten Tomatoes semble avoir été diminué artificiellement par des "bots" informatiques se posant en (faux) utilisateurs.

Daisy Ridley, la star de la nouvelle trilogie, a elle-même fini par effacer son compte Instagram à cause du harcèlement subi après la sortie du "Réveil de la force" et a dû suivre des séances de psychothérapie pour évacuer toute cette cyber-hostilité.

Celui qui lui donne la réplique, l'acteur britannique, comme elle, John Boyega, a quant à lui été accusé de commettre un sacrilège dès l'annonce qu'il incarnerait un soldat de l'Empire noir.

Cette virulence ne date pas de la série de volets produite par Disney, depuis son rachat de Lucasfilm en 2012: elle avait démarré dès la précédente trilogie au tournant du millénaire mais la montée en force des réseaux sociaux a décuplé sa caisse de résonance... et son pouvoir de nuisance.

L'enfant-star Jake Lloyd et l'acteur Hayden Christensen ont été de facto exclus d'Hollywood après avoir fait l'objet de moqueries incessantes pour leurs performances dans les trois films préquels du "space opéra" créé par George Lucas.

Sans oublier l'acrimonie dirigée contre le personnage décrié Jar Jar Binks et son interprète, l'acteur noir Ahmed Best.

Contactés par l'AFP, des porte-parole de Disney n'ont pas répondu dans l'immédiat.

Le réalisateur Rian Johnson a, lui, choisi de hausser les épaules face aux fans agressifs: "Sur les réseaux sociaux, quelques personnes pas très saines noircissent le tableau, mais ces quatre dernières années j'ai rencontré plein de fans de Star Wars très sympa", a-t-il récemment tweeté.

"Nous sommes la VASTE majorité; on s'amuse, et tout va bien", a-t-il conclu, beau joueur.

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