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Des forces séparatistes se déploient dans la deuxième ville du Yémen

Des forces séparatistes du sud du Yémen se sont déployées mercredi dans Aden, après trois jours de combats meurtriers qui ont vu les troupes gouvernementales perdre le contrôle de la deuxième ville du pays.

Aucun combat n'a été signalé, mais la situation reste tendue dans la grande cité portuaire, où des éléments d'une force militaire yéménite pro-séparatiste appelée "Cordon de sécurité" ont pris position dans les rues. Cette force a été entraînée et est soutenue par les Emirats arabes unis.

Certains magasins ont rouvert et des habitants ont pu se réapprovisionner. Cependant, le port et l'aéroport n'ont pas repris leurs activités, a indiqué l'ONU.

La situation d'insécurité a contraint le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui aide des dizaines de milliers de personnes à Aden, dont de nombreux déplacés, à annoncer la suspension de ses opérations.

La bataille entre séparatistes du sud et forces loyalistes à Aden a donné une dimension encore plus complexe au conflit yéménite, qui oppose principalement les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, au gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi. Ce dernier est appuyé militairement depuis 2015 par une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite.

En trois ans, cette guerre a fait plus de 9.200 morts, près de 53.000 blessés et provoqué selon l'ONU "la pire crise humanitaire du monde".

- Aide humanitaire suspendue -

Après la prise de la capitale yéménite Sanaa en 2014 par les Houthis, le gouvernement avait trouvé refuge à Aden et l'avait déclarée capitale de facto.

Si le président Hadi s'est réfugié en Arabie saoudite, son Premier ministre Ahmed ben Dagher et des ministres résidaient jusque-là au palais présidentiel d'Aden, situé au sud de la ville et encerclé par des forces séparatistes.

Et le porte-parole du gouvernement, Rajeh Badi, a déclaré que les ministres présents au palais présidentiel avant le début des combats dimanche s'y trouvaient "toujours", niant la moindre tentative de fuite.

Une source militaire de haut rang a par ailleurs indiqué mercredi que des combattants séparatistes avaient pris le contrôle du bureau du secrétaire général au sein du Premier ministère.

Les forces gouvernementales ne contrôlent plus que le quartier de Dar Saad, au nord de la ville.

Selon un bilan du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), les combats ont fait au moins 38 morts et 222 blessés depuis dimanche.

Suivant l'exemple de plusieurs autres organisations humanitaires, le HCR a dû reporter ses "distributions d'aide d'urgence et évaluations humanitaires prévues cette semaine pour les Yéménites vulnérables et déplacés" à Aden.

"Le fret humanitaire du HCR reste dans le port d'Aden et ne peut être distribué", a indiqué sur Twitter le HCR, qui a exprimé son inquiétude pour les 40.000 déplacés ayant rejoint Aden et les régions proches depuis décembre après avoir fui des combats dans d'autres régions.

- Coalition divisée -

La coalition arabe est apparu divisée sur les combats à Aden: les Saoudiens soutiennent à bout de bras le gouvernement, notamment financièrement, alors que les Emiratis ont formé la force pro-séparatiste qui occupe désormais la ville.

Aucun des deux pays n'est intervenu pour faire cesser les violences. La coalition a multiplié les appels au cessez-le-feu et tenté plusieurs médiations.

Les séparatistes sudistes yéménites étaient précédemment alliés au président Hadi, mais la relation s'est tendue après le limogeage l'an dernier du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un "Conseil de transition du sud" (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes.

Aden était la capitale du Yémen du sud, un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990.

Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre et "des changements au gouvernement", accusé de "corruption" et de "mauvaise gestion".

L'ultimatum a expiré dimanche et des combats ont aussitôt éclaté, aboutissant à la démonstration de force des séparatistes.

Lors de sa première apparition publique depuis le début de la crise, M. Zoubaidi a déclaré que les séparatistes étaient du côté de la coalition arabe, contre les rebelles Houthis.

Dans une interview à France 24 en arabe, ce dirigeant séparatiste a refusé de confirmer que le STC envisageait de former son propre gouvernement, ajoutant: "Le peuple du Yémen du sud aura le droit de déterminer son propre avenir dès que la communauté internationale y répondra positivement".

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