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Les pays baltes vont demander à Trump de les protéger contre la Russie

Les dirigeants des pays baltes vont demander au président américain Donald Trump de leur envoyer plus de soldats et de renforcer la défense antiaérienne du flanc oriental de l'Otan, lors de leur rencontre prévue mardi, selon des responsables de leurs pays.

La présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, ses homologues estonienne Kersti Kaljulaid et letton Raimonds Vejonis sont reçus à la Maison Blanche au moment Washington semble durcir sa position à l'égard de Moscou.

Le langage plus ferme adopté récemment par M. Trump face au Kremlin a apaisé les inquiétudes suscitées dans leur région par les premières déclarations conciliantes du président américain envers la Russie après son arrivée au pouvoir.

Un haut responsable lituanien qui a souhaité garder l'anonymat a indiqué que les pays baltes demandent aux Etats-Unis de leur envoyer plus fréquemment les batteries de missiles antimissiles Patriot pour des exercices militaires. Ils veulent aussi faire partie du bouclier antimissile de l'Otan en Europe.

"J'espère que les Etats-Unis et les autres alliés comprennent que l'espace aérien des pays baltes doit être mieux protégé et défendu", a dit Mme Grybauskaite à la radio publique LRT, à la veille de la visite.

"Il est important que (les troupes américaines) se trouvent en rotation permanente dans tous les pays baltes", a-t-elle ajouté.

L'année dernière, l'Otan a déployé quatre bataillons multinationaux en Pologne et dans les trois pays baltes en guise de déclencheur d'alerte contre un éventuel aventurisme russe, alors que l'armée américaine a envoyé des Patriot en Lituanie dans le cadre d'exercices.

Venu en juillet en Estonie, le vice-président américain Mike Pence a évoque la possibilité d'y déployer les Patriot.

Les pays baltes avait été secoués par la rhétorique de la campagne électorale de M. Trump, par sa mise en question de l'utilité de l'OTAN et par l'absence initiale de critiques contre le président russe Vladimir Poutine.

En 2018 on a vu apparaître sur un mur de Vilnius une image de M. Trump déposant un tendre baiser sur les lèvres de M. Poutine, tandis qu'un sondage publié l'année dernière a montré que deux Lituaniens sur trois ne faisaient pas confiance au président américain.

- Montrer du muscle -

Mais l'attitude du public a changé quand M. Trump a décidé de fournir des missiles anti-chars à l'Ukraine pour l'aider à combattre les séparatistes appuyés par Moscou et d'augmenter le financement des forces américaines en Europe.

"Au début, l'incertitude sur son engagement envers l'Otan était répandue, mais elle a faibli ces derniers mois", a dit à l'AFP un analyste de l'Université de Vilnius, Kestutis Girnius.

L'expulsion par Washington de 60 diplomates russes par solidarité avec Londres après l'empoisonnement en Grande-Bretagne d'un ancien espion russe, attribué à la Russie par le gouvernement britannique, est un signe d'une attitude plus offensive, a observé Simas Celutka, de l'Institut d'analyse de la politique de Vilnius.

"Ses conseillers ont pu convaincre Trump que montrer du muscle est la seule forme de communication que Poutine prend au sérieux", a-t-il ajouté.

M. Trump, qui a souvent attaqué les "passagers sans billet" de l'Otan, devrait féliciter les trois pays baltes de respecter la règle de l'Otan de dépenser 2% du PIB pour leur défense.

"Le président veut montrer que ces pays établissent un niveau auquel nous voudrions voir nos alliés arriver en termes de (dépenses pour la) défense", a dit l'ambassadrice américaine en Lituanie, Anne Hall.

Le sommet américano-balte comprend également un forum économique où la Lituanie compte signer des contrats en vue d'augmenter les importations de gaz naturel liquéfié américain pour réduire sa dépendance du groupe russe Gazprom.

Le risque d'une guerre commerciale entre l'Union européenne et les Etats-Unis pourrait être également discuté à Washington, les pays baltes s'inquiétant d''une possible querelle transatlantique.

Ces trois pays, dont la population combinée se chiffre à six millions de personnes, avaient été occupés et annexés par l'URSS pendant la Deuxième guerre mondiale. Ils ont retrouvé leur indépendance en 1991 et rejoint l'Union Européenne et l'Otan en 2004.

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